Wouahhh! Quel pied durant deux heures non-stop! Pourtant ce n’était pas gagné, de la gestation du projet à la vision des premières bandes-annonce! Et on ne voyait vraiment pas l’intérêt de nous refaire une adaptation de ce DC Comics après le désastre de la première version, en l’occurrence celle de cette équipe d’anti-héros vue par David Ayer et intitulé « Suicide Squad ». Merci donc à James Gunn de la balayer d’un revers de la main avec autant de panache et de folie, c’est exactement ce qu’on voulait voir et peu importe si le projet est hybride entre la suite (on retrouve quatre personnages de l’ancien) et du reboot (les compteurs sont remis à zéro à tous niveaux, de la tonalité à la tournure de l’histoire et le script ne prend pas en compte les événements du premier film). Cette improbable et surprenante réussite fait donc oublier ce qui restera l’une des plus grosses catastrophes artistiques, niveau blockbuster, de la décennie passée. Et, surtout, une très amère et désagréable déception, tant « Suicide Squad » avait toutes les cartes en main pour être génial et culte à l’époque. Comme si ce dernier, charcuté par la Warner et bien trop lisse, était le brouillon de cette réussite incontestable. « The Suicide Squad » est tout ce que « Suicide Squad » n’était pas (quelle variation de titre infime, mais lourde de sens): drôle, étonnant, impressionnant, fou et même touchant parfois. Gunn n’a pas son pareil pour croquer des personnages attachants et originaux, hors des clous et du formatage. Cette équipe d’anti-héros était faite pour lui et il transcende le matériau de base avec maestria et de manière encore plus probante que pour « Les Gardiens de la Galaxie » et sa suite. Et, même si la crise actuelle vécue par les salles joue, on est désespéré de voir que cette nouvelle version soit un bide au box-office alors que la première a été un carton en dépit des critiques acerbes. Un conseil, ne vous fiez pas au premier et foncez voir ce qui est pour le moment le meilleur blockbuster de l’été, et de loin.
Dès la première et très longue séquence d’introduction qui nous présente une fausse équipe se faisant décimer de manière totalement inattendue avec des personnages aux pouvoirs la plupart ridicules assorties de nombreuses morts surprises, on sait que l’on va passer un moment délicieusement original et dingue. On rit beaucoup (merci l’homme-belette) et c’est une séquence d’action en forme d’assaut suicide superbement orchestrée. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises et c’est comme cela durant toute la projection. Le fait de ne jamais savoir qui va survire ou non (ou presque) est clairement jubilatoire. Chaque personnage choisi dans le catalogue DC Comics par Gunn aura droit à son moment de gloire. Ils sont de surcroît bien plus fouillés qu’à l’accoutumée pour un blockbuster de la sorte. Même les protagonistes les plus improbables sont royaux et leur personnification à l’écran révèle du miracle, de King Shark (qui parvient à nous émouvoir, oui oui!) à la dualité Bloodshot/Peacemaker en passant par l’attendrissante Ratcatcher 2, cœur inattendu du récit, tous sont logés à la même belle ensiegne. Quant à Rick Flag, il revient sur le devant de la scène de manière bien plus juste que dans la première version et Harley Queen est toujours aussi royale, sans cette fois voler la vedette à tous ses partenaires. De plus, Gunn s’autorise tout et cela fait le plus grand bien tout en gardant à l’esprit un ensemble cohérent aussi bien visuellement que sur la tonalité déjantée ou la narration. Retours en arrière, monstre final complètement ridicule de prime abord mais finalement en totale adéquation avec le reste et gags vraiment impayables et à mourir de rire (comme Abner Krill qui voit sa mère partout ou le carnage maladroit des guerrileros), toutes les pièces du puzzle s’assemblent avec bonheur et probité. Gunn prend des risques et le fait bien tout en n’oubliant pas de nous en mettre plein la vue dans des séquences d’action dantesques et super gores (enfin!) mais qui sont à la fois sublimes visuellement et relativement originales. L’évasion d’Harley Queen et les pétales de fleur est un must du genre et le plan sur l’arrivée de notre escouade sous la pluie est juste sublime. Et, comme toujours chez le réalisateur, la bande originale est un pur régal. Bref, inutile d’en dire plus, si vous aimez les films qui sortent des sentiers battus et les blockbusters qui ont une âme et du cœur en plus d’en mettre plein la vue, « The Suicide Squad » est fait pour vous.
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