Décidemment, chez D.C, on aime bien s'y reprendre à plusieurs fois pour convaincre. Après les relectures Ultimate Definitive Snyder's Final Recut Edition de Batman V Superman et Justice League, comme pour rendre à Zack ce qui appartient à la Warner, c'est maintenant James (Gunn) qui rend à David (Ayer) ce qui appartient à Warner (Bros).
Et peu importe la main mise artistique du studio sur ses productions, il faut reconnaître qu'avec cette nouvelle Suicide Squad, la "patte" du gus derrière la caméra joue indéniablement sur la qualité de l'ensemble. Certes, on n'est pas venu là pour se tartiner de bons sentiments dans un film d'auteur mais on retrouve les penchants du réalisateur d'Horribilis et des Gardiens de la galaxie pour la déconne et les monstres.
Même si il est subtilement rebaptisé THE Suicide Squad, comme pour discréditer encore un peu plus son ainé et affirmer que cette nouvelle association de mauvais bougres est la bonne, la seule, LA vraie, celle qui fonctionne, on se rend compte pourtant que la mécanique n'est pas si éloignée de la version précédente derrière quelques subtilités servant principalement la rupture de ton. Ainsi, on pourrait croire qu'en démarrant au sein d'une prison, ce bon vieux Michael Rooker, incarnation de Savant, serait le fer de lance de ce nouveau sauvetage sans règles de l'humanité ou, qu'Idris Elba/Bloodsport, successeur de Will Smith/Deadshot finirait au terme de ses services rendus, papa de l'année. Et derrière ces quelques artifices plaisants, le film suit quasiment les mêmes enchaînements que celui d'Ayer :
1 - Présentation de personnages aussi méchants que dysfonctionnels
2 - Equipe dysfonctionnelle qui se cherche
3 - Tape dans le tas
4 - Discussion de comptoir et petites fissures d'humanité
5 - Tape dans le tas (mais plus)
Et on termine par des méchants qui gagnent en sympathie, ce que je reprochais, en plus de son histoire, majoritairement à la première Suicide Squad.
Alors pourquoi ça marche mieux ici ?
Parce que James Gunn va encore plus loin dans la loufoquerie et la bouffonnerie que son prédécesseur. Là ou David Ayer gardait encore un peu de sérieux dans la déconnade, Gunn s'en affranchit complètement en nous créant une palette de personnages aux looks, aux pouvoirs, et aux ambitions ridicules. Exit Boomerang, bonjour Weasel, la belette qui ne met pas que le chocolat dans le papier d'alu ou Polka-Dot Man, l'homme qui tire des pois. Oui, qui tire des pois. Avouez que ça intrigue !
Et les spécificités de chacun, aussi simplistes qu'elles puissent être, fonctionnent. La peur des rats de Bloodsport se retrouvant à faire équipe avec Ratcatcher 2, capable de contrôler ces petits rongeurs, ou son concours d'égos avec PeaceMaker et sa morale douteuse (resplendissant John Cena qui fait son The Rock et aura bientôt le droit à sa propre série sur HBO Max) sont autant de petites incursions dans le passé des personnages, visant à les rendre plus humains sans jamais les prendre au sérieux.
Une véritable V.2.0 donc, un rafraichissement de façade avec des moulures sur les murs et au plafond qui permet à l'ensemble d'être un divertissement emmené derrière une ou deux constantes, à l'image de Margot Robbie en Harley Quinn.
C'est donc avec panache que James Gunn exploite la réhabilitation forcée d'une nouvelle Task Force X, aussi improbable qu'efficace, poussant l'irrevérance à son maximum avec un humour qui fait parfois mouche et un grotesque décalé atteignant son paroxysme dans un final aux accents de série B, le tout sur un terreau scénaristique pourtant aussi fertile qu'un eunuque déshydraté en plein désert. Un bon moment qui réhabilite le concept du méchant, pas si méchant.