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Laurent C.
262 abonnés
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4,0
Publiée le 16 juillet 2016
On ne choisit pas sa famille, encore moins quand son propre frère prête allégeance auprès d'une organisation mafieuse italienne, au mépris de la sécurité de sa famille toute entière. C'est ainsi que Léa, malgré son caractère bien trempé, se retrouve aux bras d'un collaborateur de son frère dont elle se retrouve enceinte. "Léa" n'est pas tant le portrait d'une femme combattante que la mise en œuvre des lois italiennes qui préfigurent à la protection des repentis et des témoins, particulièrement dans les affaires de corruption et de criminalité organisées. Le réalisateur, dont on se souvient du brillant opus de plus de 6 heures "Nos meilleures années" en 2003 qui proposait à sa manière aussi un éclairage politique et social de l'Italie, déroule presque 35 ans d'histoire, que Léa, fougueuse et courageuse, incarne avec sa fille qu'elle doit protéger à tout prix. Certes, la dimension historique avec un grand H est moins présente que dans son œuvre "Nos meilleures années", malgré des prises de vue très intelligente qui font penser à une caméra de surveillance de rue, montrant ainsi la totale inefficacité des services de protection pénale et civile des témoins. En ne privilégiant ni tant le récit historique, que le portrait d'une femme, Marco Tullio Giordana escamote un peu son sujet. Le regard est quasi ethnographique, comme une mise à nue d'une réalité terrifiante de violence conjugale, de puissance de la mafia dans les destin individuels, même encore à nos jours, et donc d'impuissance de la justice, malgré peut-être une mise en scène un peu démonstrative et austère. Toutefois, on se laisse porter par ce drame policier avec émotion et empathie pour cette femme qui brille d'ingéniosité et de courage pour échapper à la violence de ses persécuteurs. Et en cela, "Léa" est une œuvre très réussie.
Lea Garofalo est célèbre en Italie, symbole de résistance à la redoutable mafia calabraise. Son histoire est contée par un grand spécialiste de l'histoire contemporaine de son pays, Marco Tullio Giordana, dans un film rapide et elliptique qui en 90 minutes dit l'essentiel sur l'itinéraire de cette femme courageuse et rebelle. Lea, à l'instar des grands films de Francesco Rosi en son temps, ne cède rien sur la précision des faits, dressant un portrait aiguisé et percutant parfois à peine crédible quant au déroulement des faits. Si Lea devient une héroïne, c'est presque malgré elle, décidée d'abord à survivre et à protéger sa fille. Le film court sur une vingtaine d'années au gré des multiples déplacements d'une fugitive sans cesse menacée. L'émotion est verrouillée jusqu'au dénouement de cette histoire prenante et poignante.
Un énième film sur la mafia dont l'originalité est d'être vue sur l'angle d'une femme qui en refuse les règles "traditionnelles". Le scénario ne recèle pas vraiment de surprise mais dénonce avec succès l'absurdité et l'impitoyable cruauté des codes mafieux. Les acteurs sont impeccables.