De prime abord, il semblait étonnant de voir un réalisateur tel que Chris Weitz, plutôt habitué aux sucreries (« Pour un garçon » mais aussi et surtout un « Twilight » et les deux premiers « American Pie » en duo avec son frère Paul) se retrouver à la tête d’un tel projet. La traque des anciens nazis en Amérique du Sud, ou même ailleurs, est un sujet éminemment passionnant qui pourrait autant galvaniser l’imaginaire des scénaristes que celui des cinéastes. Tout autant qu’il pourrait aussi bien s’inscrire dans les domaines du suspense et de la chasse à l’homme que ceux du drame et du psychologique. Pourtant, il n’en existe guère beaucoup et c’est dans ce contexte que cette « Opération finale » nous apparaît plus que stimulant. Dommage, si le film n’est pas mauvais, il est en grande partie raté. Ou plutôt, on en attendait tellement plus...
Certes, c’est une production Netflix de 2017 et il est vrai que la plateforme commençait seulement à s’intéressait à produire des films sérieux et d’auteur avec des cinéastes de renom pour se positionner dans les festivals et la courses aux récompenses. « Opération finale » n’entre malheureusement pas dans cette catégorie et s’avère plutôt un téléfilm de luxe qui manque de rigueur et d’aspérités et surtout d’une véritable vision d’auteur. Et c’est d’autant plus frustrant de voir un tel sujet être traité de manière si paresseuse et dilettante. D’abord la mise en bouche est un peu maladroite et les enjeux sont posés bien trop rapidement, ils manquent de contexte. Ensuite, les événements s’enchaînent de manière mécanique en quatre actes (repérages, kidnapping, séquestration et évasion) qui se répondent mal et à intérêt différent. La partie séquestration étant la plus intéressante car elle permet de rentrer dans la psyché d’Adolf Eichmann, le fameux architecte de la solution finale impeccablement jouée par Ben Kingsley. Cependant, ce script approximatif ne lui laisse pas assez de matière pour briller.
Et là est tout le problème de cette « Opération finale ». Le scénario tire à vue et ne capitalise jamais sur le potentiel extraordinaire de cette histoire vraie. Pire, il prend d’énormes libertés avec l’Histoire et nous perd en chemin. De plus, tous les personnages sont mal ou grossièrement dessinés, que ce soit le premier rôle (Oscar Isaac semble perdu) ou les seconds rôles (Mélanie Laurent, dans un rôle d’un vide absolu, semble être venue financée son prochain film...), ce qui donne au film un air de vite fait mal fait. Enfin, niveau suspense c’est vraiment pachydermique, les moments censés être prenants s’avérant d’une platitude désolante et ne nous prenant jamais aux tripes. Le compte à rebours final est même presque ridicule. Malgré tout cela, le long-métrage et ses deux heures passent plutôt vite et bien, le montage et le rythme étant assez soutenus et les péripéties constantes. Mais un tel sujet méritait un traitement bien plus prestigieux et aguerri que celui opéré par un banal faiseur tel que Chris Weitz qui n’a su donner aucune personnalité à son film.
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