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Éric De Larmor
20 abonnés
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4,5
Publiée le 30 décembre 2016
Emad et Rana sont en couple et partagent une vie commune. Contraints de quitter leur appartement du centre de Téhéran à cause de travaux menaçant l’immeuble, ils démarrent une nouvelle vie. Un nouveau lieu synonyme de nouvelles joies mais très vite, un incident important va venir chambouler leur quotidien. Agressée par un inconnu à leur domicile, Rana se retrouve désemparée et profondément traumatisée. Son époux étant absent lors de l’incident, on devine une trame psychologique intéressante : celle de la vengeance, couplée à celle de la réparation. Sa femme aurait pu mourir, la situation aurait pu être bien pire et bouleverser leur destin tout entier. Rongé par le remords et la colère, Emad décide de partir à la recherche de l’agresseur.
Le point fort de ce film semble être bel et bien la puissance et la justesse d’interprétation des acteurs. Shahab Hosseini et Taraneh Alidoosti, incarnant respectivement Emad et Rana, sont les piliers du film. Une histoire pleine de rebondissements qui tend la main à ses spectateurs avec une mise en scène a priori réaliste. Quel est le premier silence coupable qui va amorcer le piège ? Celui du loueur qui tait le métier de la locataire précédente ? Celui de Rana, qui, lorsqu'elle se fait agresser sous la douche, ne va même pas porter plainte ? Celui d'Emad, qui s'enfonce dans une forme de mutisme héroïque et décide de venger son orgueil mal placé ? Celui de la troupe qui fait semblant de ne rien voir ? Il y a tant d'autres silences encore… Mais peut-être est-ce, dans le fond, un seul et même silence, celui d'une société tout entière, fuyante, oppressée par le poids des règles qui imposent un rôle aux hommes comme aux femmes, jusque dans leur intimité, et dont il faudra un jour ou l'autre s'émanciper. En attendant, chacun, solitaire, fait comme il peut et affronte ces carcans qui corsètent les âmes et font que jamais ne tombent les voiles qui occultent parfois des plaies profondes.
Après tout, qui serait incapable de se venger par amour ? Pour restaurer la dignité et la santé d’une victime dont on est si proche ? Malgré les particularités du contexte socio-culturel et du scénario, on ne peut que se laisser toucher par un homme éperdu d’amour pour sa femme, qu’il cherche à « retrouver ».
Prenant comme d’habitude son temps pour poser ses personnages, Farhadi nous livre une réflexion toujours aussi pertinente sur les conséquences de nos actes sur autrui. Ainsi, à partir d’une situation banale, le réalisateur montre à quel point l’être humain peut s’enfermer dans une série de décisions désastreuses, mais qu’il ne peut aucunement contrôler. Au passage, le cinéaste s’en prend également aux mœurs d’un pays – l’Iran – ou le non-dit est devenu un mode de vie à part entière puisque tout est interdit. Ainsi, les hommes sont frustrés et cherchent à voir des femmes de mauvaise vie, tandis que les autres femmes n’ont le droit de rien dire. On ne se confie à personne puisque les autorités peuvent vous faire plus de mal que de bien. Enfin, le voisinage représente aussi une menace. Bref, comme à son habitude, Farhadi décrit avec brio une situation inextricable qui dresse un portrait peu reluisant de la société iranienne, tout en rendant son propos universel puisqu’un tel drame pourrait également arriver n’importe où. C’est la grande force de ce drame humaniste. A voir.
excellent film sur la difficulté a surmonter une épreuve très dure. l'l'homme traque l'attaquant, la femme souffre. très dur mais très emouvant et parfaitement interprétée
Le Client, film d'Asghar Farhadi, récompensé au Festival de Cannes 2016, Prix du scénario et prix d'interprétation masculine pour Shahab Hosseini est un film à ne pas manquer. Le scénario est des plus originaux dans la catégorie fiction, non seulement en 2016, récompense bien méritée, sans doute également depuis nombre d'années. Deux acteurs de théâtre jouent une pièce "La mort d'un commis voyageur" dans les rôles de mari et femme, sont mis dans leur propre vie à une situation comparable. L'acteur principal, dans la pièce décède par suite d'échec professionnel. Dans leur vie bien réelle ces acteurs, également mari et femmes, vont être à l'origine du décès d'un vieux Monsieur vendeur occasionnel mais aussi client d'une prostituée, qui s'est rendu coupable envers l'épouse, par un excès de stress cette fois non plus fondée sur un échec professionnel mais sur la déchéance de son honneur. Le scénario non seulement fait une sorte de symétrie des situations mais en outre joue avec les artifices du théâtre, notamment des têtes à têtes grandioses et émouvants. Comme au théâtre, la mesure dépasse les intentions... tant du vieux Monsieur qui n'a pas recherché une agression que du mari qui voulait se limiter à donner une bonne leçon... Un grand moment de cinéma.
Asghar Farhadi continue d'explorer le drame familial dans un scénario toujours finement écrit et réalisé. On retrouve ses acteus habituels qu'il s'amuse à filmer dans des personnages totalement différents. On ne se lasse pas d'entrer petit à petit dans cet univers jusqu'à découvrir l'élément déclencheur qui va provoquer toute cette tension et toutes ces séquences de déchirement qui ne laissent pas indifférent. Puissant et magnifique à voir...
Peut-on aller de l'avant sans connaitre la vérité sur un drame et la raison d'un tel acte ? Est-ce que la vengeance apporte de la satisfaction ? C'est deux questions auxquelles Emad tente de répondre après qu'un drame a bouleversé sa vie de couple. Cette nécessité de connaitre la vérité, le regard des autres, le sentiment de culpabilité et ce besoin de rendre l'humiliation subie, c'est tout ce qui perturbe cet homme qui est nourri par ce besoin de rendre la pareille. C'est comme voir un huis clos puisqu'Emad se renferme dans ses certitudes sans se rendre compte des possibles conséquences de ses actes. Avec un nouveau film aussi sobre que minimaliste et parfaitement mis en scène, Asghar Farhadi captive grâce à une histoire aussi simple qu'efficace, d'excellents acteurs tout en retenue et une tension que l'on ressent chaque minute et qui ne cesse de s'accroître jusqu'à une dernière partie particulièrement forte même si le réalisateur ne change rien et garde le même rythme de croisière pendant deux heures. Ce n'est pas un film bouleversant, car c'est assez froid et linéaire dans le déroulement, mais j'ai été pris du début à la fin et j'ai trouvé le film excellent.
J'ai apprécié la psychologie des personnages, le traitement du sujet. Les acteurs sont bons et la réalisation aussi. Je recommande ce film meilleur selon moi que celui actuellement en salle du même réalisateur.
Un homme et une femme. Deux intellectuels. L'un, professeur dans un lycée de Téhéran, est également comédien et joue le rôle principal d'une pièce de théâtre, "Mort d'un commis voyageur". Sa femme témoigne d'un même engagement théâtral et lui donne la réplique dans la pièce d'Arthur Miller. Tous deux vivent dans un appartement qu'ils vont être contraints d'abandonner et pour cause : des signes inquiétants annoncent l'effondrement prochain de leur immeuble. Dès lors, ils doivent intégrer un nouvel appartement et c'est là que tout se joue. Nous n'en dirons pas davantage sinon que c'est le point de départ d'un thriller qui, parti de l'évocation de la vie plus ou moins rangée de deux intellectuels iraniens, va s'orienter vers un suspense progressif et admirablement mené. Agression physique et vengeance des plus cruelles composeront le menu de cet étrange film où l'honneur d'un homme passe avant celui de sa femme. Les questions soulevées sont nombreuses et vont beaucoup plus loin, on le devine, que l'évocation d'un sordide fait divers. Légitime défense, machisme à l'orientale, violation de la loi : autant de pistes qui s'ouvrent à la lecture du film. Le tout avec pour leitmotiv la pièce d'Arthur Miller dont la trame rejoint celle du scénario d'Asghar Farhadi. Bel exemple de mise en abyme même si d'aucuns pourront reprocher une certaine lourdeur au cinéaste qui n'en finit pas de souligner les parallélismes. Mais le film est beau, splendidement construit et constitue comme toujours dans le cinéma de Farhadi une interrogation sur la société iranienne partagée entre modernisme et respect des traditions pesantes. Et puis il faut saluer la prestation des acteurs principaux, Shahab Hosseini et Taranah Alidoosti, mais aussi celle des seconds rôles, dirigés de main de maître par l'un des plus grands cinéastes de son pays et peut-être aussi du monde actuel.
Emad et Rana sont contraints de quitter leur immeuble qui tombe en ruines. Ils trouvent un autre appartement, mais le propriétaire ne les prévient pas des activités de l’ancienne locataire, et cela va bouleverser leur vie. C’est toujours très intéressant de voir ce genre de film qui permet de mieux connaître la société iranienne, tout comme la perception que les personnages ont du drame qui s’est produit. C’est un sujet difficile mais traité avec beaucoup de pudeur, les non dits sont très forts. L’histoire semble simple mais on est vraiment en haleine tout le long du film, la façon de la raconter est haletante. Il n’y a aucun temps mort. Les dialogues sont justes.
Comment ne pas dévoiler l’intrigue ?... Il est difficile d’évoquer l’intérêt du film sans dévoiler tout ou partie du scénario, tant son intensité dramatique est signifiante. Ainsi, si vous l’avez déjà visionné, vous pourrez parcourir cette critique jusqu’à son point final. De même si vous êtes assuré de ne jamais le voir. Mais tous les autres ne devront pas dépasser la limite de ce texte indiquée par un STOP bien visible et catégorique... Le film s’ouvre sur une métaphore assez grossière : celle d’un immeuble qui s’écroule sous les coups de pelleteuses d’une modernité non assumée. C’est la première lézarde que Farhadi nous montre de la société iranienne d’aujourd’hui. En suivront bien d’autres, celles qui vont affecter la vie d’un jeune couple dans cette société fêlée parce que trop rigide. Un couple, elle Rana et lui Emad, pourtant ouvert, qui semble a priori sorti des pesanteurs traditionnelles. Mais elles sont bien présentes et un événement va révéler à quel point. Le film se déroule dès lors avec une inexorable intensité dramatique, oscillant entre thriller psychologique et film sociétal, démontrant séquence après séquence toute l’aliénation d’un corps féminin trop enfermé dans ses voiles et dans de vieux principes de domination masculine. Mais STOP, déroulons davantage le fil du sujet. Divulguons... La suite sur mon blog...
Excellent film iranien à l'histoire "banale" mais qui mine de rien, fait son p'tit effet, elle m'est restée longuement en tête .... Après la première heure, je me suis dit que ça tournait un peu rond, je sentais venir l'ennui ... mais finalement, ça se met tranquillement en place, on comprend que ce fait divers devient bien plus dévastateur qu'au départ et que le couple ne ressortira pas indemne de cette histoire.... Ce ne serait évidemment pas aussi crédible sans une excellente interprétation et de ce côté-là: Aucun souci, les acteurs sont excellents, et parfaitement dirigés par Farhadi qui balance une mise en scène simple et juste qui n'en fait pas trop. L'addition de tous ces aspects donne un film profondément humain, fort et intense qui fait réfléchir sur plusieurs choses dont la vengeance.... Super film à ne pas louper!
Un film digne des deux derniers, "La séparation" et Le passé". La tension monte au fur et à mesure, les deux époux s'éloignent petit à petit et la fin inattendue clôt ce film magistralement interprété par Shabab Hosseini et Taraneh Allidousti.
Oscar du meilleur film etranger et prix du scénario et d'interprétation masculine à Cannes (2016), " le client" n'a pourtant pas auprès du grand public, la renommée de " une séparation " réalisé quelques années auparavant par le cinéaste iranien A. Farhadi.
Sous couvert d'une agression commise au nouveau domicile d'un couple d'intellectuels ( lui est professeur et comédien, son épouse est comédienne dans la même troupe que son conjoint), Farhadi propose un regard en profondeur sur certains aspects de la culture iranienne.
Le choix de la pièce " mort d'un commis voyageur" qui obtint le prix Pulitzer, signée d'Arthur Miller interprétée par la compagnie de théâtre fait figure de pistes pour éclairer des aspects cachés de la personnalité du couple montré à l'écran.
On se rappelle que A Miller tenta d'exposer la vie d'un employé ordinaire et modèle qui tente de s'élever socialement sans succès.
L'agression dont est victime l'épouse du professeur permet de sonder au travers des échanges intersubjectifs, les cœurs, les âmes, les frustrations sexuelles, l'hypocrisie sociale...
Particulièrement réussi " le client " est un des opus parmi les plus accomplis d'un cinéaste talentueux qui, de mon point de vue, n'a jamais réalisé de mauvais films.
Il faut inviter les spectateurs sensibles au travail de Farhadi de ne pas négliger mêmes ses premières réalisations, moins connues, elles aussi de premier ordre.
On pourra peut-être reprocher à " le client" quelques longueurs, des scènes parfois inutiles, mais le plaisir éprouvé en voyant " le client " est indéniable.
Ce film fait souffler le chaud et le froid je trouve !! D'abord le début est insoutenable presque insurmontable et je dois avouer que j'ai eu envie d'arrêter à de nombreuses reprises ! J'ai lu des critiques qui m'ont donné envie de continuer et je me suis accroché mais je tiens à prévenir...le début est vraiment long, très long !! Il ne se passe rien d'intéressant, le rythme est lent et les scènes théâtrales sont d'un ennui mortel (et je ne vois pas bien le but tout court d'intégrer des moments si lourds dans le film !!!!) puis au bout d'une heure le thriller se met en place et je dois dire que j'ai été charmé par la fin ! La vengeance est prenante, les dialogues bien plus consistants et j'ai vraiment beaucoup aimé le huis clos qui clôture le film ! Bref un début catastrophique et une fin palpitante qui permet d'oublier le calvaire initial...