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Laurent C.
255 abonnés
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3,5
Publiée le 22 novembre 2016
Asghar Farhadi a un problème avec les femmes. Autant "Le passé" ou son très beau "La séparation" montraient des personnages féminins au bout d'elles-mêmes dans des postures paradoxales et victimaires. Le réalisateur récidive avec un personnage ambigu qui subit une sorte d'agression improbable, dans son appartement, et qui hésite entre le besoin de se sauver du traumatisme, et une sorte de compassion vis-à-vis de son bourreau supposé, le fameux "client". Au milieu, un homme, professeur de son état, son mari, magnifiquement interprété par Shahab Hosseini, qui, incontestablement méritait son prix à Cannes. La grandeur du film est portée par l'acteur d'ailleurs. Il joue avec les émotions feutrées, les regards suspicieux, les gestes suggestifs, qui, pendant tout le long métrage, font peser sur son personnage une forme de soupçon presque pervers. Mais la faiblesse immense de ce film demeure le scénario. Le récit est si invraisemblable, si tiré par les cheveux qu'il produit le contraire de ce qu'il recherche : de l'agacement, et une envie magistrale de fuir ce couple. Pourtant, on ne peut pas s'empêcher de penser à Almodovar avec cette réalisation troublante, qui prend son temps, et surtout ces incursions permanentes d'une scène théâtrale où la dramaturgie se mélange au récit cinématographique. Asghar Farhadi a produit son propre film, ce qui explique peut-être son manque de recul dans la mise en scène, qui fait hélas passer son film à côté du chef d'œuvre.
Bravo à Asghar Farhadi ! En filmant les ravages directs et indirects que peut provoquer son interdiction dans la société Iranienne, il nous livre un vibrant playdoyer spoiler: pour la légalisation de la prostitution ! La beauté de l'art c'est qu'on y voit ce que l'on veut. Impossible par contre ici de voir une oreille de femme. Elles ne sont jamais montrée sans leur voile et Rana dort même avec. L'introduction pompeuse et prétentieuse est suivie de l'évacuation du building. Réalisée sans CGI, elle s'avère plus intense que nombre de scènes catastrophes hollywoodiennes. Les premières scènes à l'école sont par contre grossières : on veut montrer notre héros à l'aise et brillant dans son rôle mais comme les blagues n'ont rien de drôle on se demande bien pourquoi la classe (de garçons) rit à chaque fin de phrase de leur professeur. Mettez exactement la même scène en anglais dans un blockbuster et les critiques leur cracheraient dessus. Il est également assez improbable que Emad puisse pénétrer dans la salle d'opération... restée ouverte. Une facilité scénaristique apte à créer de l'émotion pour pas cher que n'aurait pas renié Besson (mais lui aurait mis une course poursuite avec des chinois avant). J'ai trouvé à la mise en abîme dans le monde du théâtre un intérêt limité d'autant qu'il alourdit le rythme du récit. Il épouse tout de même les deux thèmes du film : la vengeance et de la complexité des relations au sein du couple. Malheureusement sur ce deuxième point difficile de s'identifier (au moins pour un occidental) car le mariage parait complètement dysfonctionnel. C'est un couple qui, malgré cette épreuve fonctionne sans jamais se toucher : sans aller jusqu'à s'embrasser ou se prendre dans les bras, pas une fois il ne lui prend la main (y compris lorsqu'elle semble à peine capable de marcher), pas une fois elle ne demande de l'aider à se relever. La communication est également déplorable et illustrée par une scène ubuesque où Rana annonce qu'elle a besoin d'aide ce à quoi il lui répond : "mange un peu". Fin de la scène. En fait le couple s'adresse continuellement des coups de poignards qui restent sans retour : entre un "tu n'étais pas là" complètement injustifié à un "dit toi que cela aurait pu être pire" c'est un déchaînement de violence verbale qui est assené dans un calme froid assez surréaliste. On a du mal à croire que l'interlocuteur agressé ne réponde pas mais comme les scènes sont systématiquement coupées on ne le saura jamais. Les critiques voient ça comme une "plongée fascinante dans un Iran tiraillé entre tradition et modernité" moi je vois surtout un procédé scénaristique visant à créer une tension complètement artificielle et irréaliste de façon à soutenir notre attention. D'ailleurs cela ne choque personne que son mari attende 30min avant de demander à Rana ce qui s'est passé ? Si encore c'était pour la ménager mais non car cela ne l'empêche pas de lui envoyer des scuds. Ce procédé qui consiste à initier un dialogue avant de le couper sans que rien ne soit résolu ne s'arrête pas au couple puisque lors de la répétition générale, suite à une remarque, Sanam se met à pleurer et quitte le théâtre avec son enfant. Réaction de l'auteur du commentaire ? Il en rie avec Rana et une fois encore la scène se coupe et le lendemain l'actrice est sur le pont comme si rien ne s'était passé. La dernière demi-heure quoique moralisatrice (on a bien compris que spoiler: la vengeance c'est mal et que séquestrer un cardiaque claustrophobe c'est pas hyper malin ) est puissante. Elle est à la fois émouvante et titillante intellectuellement car l'orgueil du mâle fait progressivement basculer Emad dans un rôle de vengeur devenu insensible à une situation qui s'avère moins manichéenne qu'on ne le pensait. Sans même parler d'une éventuelle prise en compte de l'état de santé de l'agresseur pour juger d'une peine. Au final et puisqu'il vaut mieux une fin amer qu'une amertume sans fin à cette critique : regardez Une Séparation !
5ème film et nouvelle opus d’Asghar Farhadi sur la décomposition d’une structure familiale dans une société iranienne encore bien corsetée ; cette fois primée à Cannes pour son scénario et son interprète masculin. Un vieil immeuble se lézarde suite à la construction d’un building voisin symbole d’un Téhéran se modernisant ; le couple qui y vit doit quitter son home sweet home destination un appartement précédemment habitée par une femme peu convenable. Les lézardes dans les murs de l’immeuble sont les prémisses d’une relation de couple qui va se déliter suite à une perte de repère dû au déménagement. Puis la femme aux mœurs légères du nouveau logement va créer un schisme énorme dans le couple, de manière bien indirecte, mettant au cœur du foyer les notions d’honneur et de vengeance ; le tout porté par le poids des traditions et de la morale religieuse. On retrouve tous les ingrédients du gros succès de Farhadi de 2011 reçu comme une claque par le monde du cinéma (« Une séparation ») ; celui-ci semble une redite moins puissante que le précédent malgré le talent de son réalisateur. Car Farhadi est habile dans la construction de son film pour faire monter la tension et laisser des pans entiers de son récit sans réponse. Metteur en scène d’une incroyable finesse, il manie à merveille le sens de l’ellipse, la fluidité des mouvements ; le tout dans une enfilade de huis clos domestiques serrés dont il a le secret (cages d’escaliers, appartements,…), métaphore de l’enfermement étouffant dont sont victimes les protagonistes. A travers cet enfermement, et c’est pour cette raison que son film est moins fort que celui de 2011, on hésite tout le long entre dénonciation du carcan moral de l’Iran ou alors mépris pour la nature humaine, un thème tout autant humaniste mais plus universel. Et c’est là que son film peine à retrouver le ton si particulier de son chef d’œuvre de 2011. De fait, on a du mal à comprendre cette phrase lâchée en interview, le propos dans ce film étant tellement universel : « Mon propos est de m’adresser à tous, confie-t-il. Y compris aux membres de la commission de censure, qui sont aussi des êtres humains. Si je parviens à ce qu’au bout d’un quart d’heure ils oublient qu’ils sont là pour repérer ce qui leur pose problème et se laissent porter par le film, tant mieux. C’est ça qui m’intéresse : les inclure au public ». Enfin en mettant en perspective la pièce d’Arthur Miller (« Mort d’un commis voyageur ») et son scénario ; même chose, on aurait tant aimé que le parallèle soit plus fructueux et pas uniquement un décor destinée à une mise en abyme ; car si peu de chose se joue sur la scène de théâtre. A la différence de « Le dernier métro » de Truffaut. Farhadi même en faiseur de film peu novateur et peu inspiré comme ici mérite le détour. On l’attend moins plan plan sur le prochain. Mon blog: tout-un-cinema.blogspot.fr
J'ai apprécié la psychologie des personnages, le traitement du sujet. Les acteurs sont bons et la réalisation aussi. Je recommande ce film meilleur selon moi que celui actuellement en salle du même réalisateur.
Un homme et une femme. Deux intellectuels. L'un, professeur dans un lycée de Téhéran, est également comédien et joue le rôle principal d'une pièce de théâtre, "Mort d'un commis voyageur". Sa femme témoigne d'un même engagement théâtral et lui donne la réplique dans la pièce d'Arthur Miller. Tous deux vivent dans un appartement qu'ils vont être contraints d'abandonner et pour cause : des signes inquiétants annoncent l'effondrement prochain de leur immeuble. Dès lors, ils doivent intégrer un nouvel appartement et c'est là que tout se joue. Nous n'en dirons pas davantage sinon que c'est le point de départ d'un thriller qui, parti de l'évocation de la vie plus ou moins rangée de deux intellectuels iraniens, va s'orienter vers un suspense progressif et admirablement mené. Agression physique et vengeance des plus cruelles composeront le menu de cet étrange film où l'honneur d'un homme passe avant celui de sa femme. Les questions soulevées sont nombreuses et vont beaucoup plus loin, on le devine, que l'évocation d'un sordide fait divers. Légitime défense, machisme à l'orientale, violation de la loi : autant de pistes qui s'ouvrent à la lecture du film. Le tout avec pour leitmotiv la pièce d'Arthur Miller dont la trame rejoint celle du scénario d'Asghar Farhadi. Bel exemple de mise en abyme même si d'aucuns pourront reprocher une certaine lourdeur au cinéaste qui n'en finit pas de souligner les parallélismes. Mais le film est beau, splendidement construit et constitue comme toujours dans le cinéma de Farhadi une interrogation sur la société iranienne partagée entre modernisme et respect des traditions pesantes. Et puis il faut saluer la prestation des acteurs principaux, Shahab Hosseini et Taranah Alidoosti, mais aussi celle des seconds rôles, dirigés de main de maître par l'un des plus grands cinéastes de son pays et peut-être aussi du monde actuel.
C'est bien réalisé et relativement bien joué, même si les acteurs semblent un peu figés à l'image de leurs personnages. Là où le film pèche vraiment, c'est au niveau du scénario. L'intrigue est très basique, pour ne pas dire simpliste, et malgré une certaine montée en tension, la progression dramatique reste aussi molle que le rythme. Le dénouement final suscite une certaine forme de déception : tout ça pour ça ? On reste sur sa faim, avec l'impression qu'Asghar Farhadi n'a pas été jusqu'au bout de sa démarche.
Très heureusement surpris par ce film iranien. Cette histoire de vengeance est subtilement racontée et filmée, et les techniques cinématographiques descendent tout droit de l'occident. Tous les acteurs sont excellents, et on est plongé dans l'ambiance iranienne, avec ses immeubles modernes mal entretenus mais tout de même éloignés de ce qu'on pouvait imaginer. Seul le choix de l'acteur incarnant le vieux libidineux parait irréaliste. Néanmoins une oeuvre personnelle à voir.
Un bon film avec des rebondissements qui savent étonner et orienter le film sous des angles différents . Très bien interprété avec justesse et pudeur .
Emad et Rana sont contraints de quitter leur immeuble qui tombe en ruines. Ils trouvent un autre appartement, mais le propriétaire ne les prévient pas des activités de l’ancienne locataire, et cela va bouleverser leur vie. C’est toujours très intéressant de voir ce genre de film qui permet de mieux connaître la société iranienne, tout comme la perception que les personnages ont du drame qui s’est produit. C’est un sujet difficile mais traité avec beaucoup de pudeur, les non dits sont très forts. L’histoire semble simple mais on est vraiment en haleine tout le long du film, la façon de la raconter est haletante. Il n’y a aucun temps mort. Les dialogues sont justes.
Comment ne pas dévoiler l’intrigue ?... Il est difficile d’évoquer l’intérêt du film sans dévoiler tout ou partie du scénario, tant son intensité dramatique est signifiante. Ainsi, si vous l’avez déjà visionné, vous pourrez parcourir cette critique jusqu’à son point final. De même si vous êtes assuré de ne jamais le voir. Mais tous les autres ne devront pas dépasser la limite de ce texte indiquée par un STOP bien visible et catégorique... Le film s’ouvre sur une métaphore assez grossière : celle d’un immeuble qui s’écroule sous les coups de pelleteuses d’une modernité non assumée. C’est la première lézarde que Farhadi nous montre de la société iranienne d’aujourd’hui. En suivront bien d’autres, celles qui vont affecter la vie d’un jeune couple dans cette société fêlée parce que trop rigide. Un couple, elle Rana et lui Emad, pourtant ouvert, qui semble a priori sorti des pesanteurs traditionnelles. Mais elles sont bien présentes et un événement va révéler à quel point. Le film se déroule dès lors avec une inexorable intensité dramatique, oscillant entre thriller psychologique et film sociétal, démontrant séquence après séquence toute l’aliénation d’un corps féminin trop enfermé dans ses voiles et dans de vieux principes de domination masculine. Mais STOP, déroulons davantage le fil du sujet. Divulguons... La suite sur mon blog...
Atmosphère lente et pesante pour un couple d'acteurs iranien se donant la réplique le soir sur scène et étant sans voix la journée pour parler de leurs maux. L'incommunicabilité viendrait du code social iranien du qu'en dira-t-on et de la question existentielle de la vengeance ou du pardon. Mais le film n'est pas plaisant à suivre et on ne comprend pas bien l'engoument qu'il a suscité sauf à considérer que réaliser un film sous une dictature religieuse ne doit pas être chose simple.
Prix du scénario et d’interprétation masculine pour Shahab Hosseini à Cannes, Le Client était un film attendu tant Une Séparation nous avait séduit. Asghar Farhadi continue de dessiner la classe moyenne iranienne dans une fable sociale sur fond de thriller psychologique. Ici, un couple est contraint de déménager sous peine de voir leur immeuble s’effondrer. Ils vont s’installer dans l’ancien logement d’une prostituée. C’est alors que notre protagoniste va se faire agresser chez elle à cause d’un quiproquo. Une quête du coupable est menée par son mari, mais le délictueux n’est peut-être pas celui qu’il pensait. Le Client possède un scénario extrêmement bien ficelé et l’intrigue est bouleversante en apparence. Cependant, le jeu des acteurs est contestable. Il nous est difficile de ressentir de l’empathie pour des personnages froids, dans la retenue et jamais pardonnés. Asghar Farhadi a préféré insister sur la morale de la fable plutôt que de mettre en évidence la question de l’absolution. Résultat, le drame dérange et déçoit. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44
Farhadi continue à exploiter son filon : l'opposition entre la petite bourgeoisie moderne et le peuple archaïque et obscurantiste. Le contraste est évidemment saisissant entre le couple d'enseignants et la famille du boulanger. Le regard du réalisateur est paternaliste. Il n'en veut pas aux pauvres et est même prêt à leur pardonner. Cette idéologie à la gloire du mode de vie occidental plait évidemment beaucoup et a sans doute contribué à lui valoir sa palme d'or. Sur le même thème, La séparation était tout de même plus réussi. Le client comporte des longueurs et les scènes de théâtre n'apportent rien au récit. S'il s'agit d'une tentative de mise en abîme ou d'allégorie, elle est ratée. Sinon, les comédiens sont tous formidables de vérité. Mais la chute est équivoque : doit-on renoncer à dénoncer et sanctionner un violeur pour ne pas faire souffrir sa famille ? La mansuétude surprenante du couple moderne se retourne un peu contre le discours idéologique un peu lourd de Farhadi. D'autant que, dans la société iranienne comme dans la notre, ce sont bien plus souvent les riches qui profitent sexuellement des pauvres que le contraire. Les DSK iraniens ne doivent pas être rares.
Excellent film iranien à l'histoire "banale" mais qui mine de rien, fait son p'tit effet, elle m'est restée longuement en tête .... Après la première heure, je me suis dit que ça tournait un peu rond, je sentais venir l'ennui ... mais finalement, ça se met tranquillement en place, on comprend que ce fait divers devient bien plus dévastateur qu'au départ et que le couple ne ressortira pas indemne de cette histoire.... Ce ne serait évidemment pas aussi crédible sans une excellente interprétation et de ce côté-là: Aucun souci, les acteurs sont excellents, et parfaitement dirigés par Farhadi qui balance une mise en scène simple et juste qui n'en fait pas trop. L'addition de tous ces aspects donne un film profondément humain, fort et intense qui fait réfléchir sur plusieurs choses dont la vengeance.... Super film à ne pas louper!