Avec le Client, Asghar Fahradi creuse le sillon du neo-réalisme iranien : un film ancré dans le quotidien et pour lequel, comme pour ses autres films, il a pris le choix de se soumettre à la censure, au risque d’un certain affaiblissement du propos.
Sans être le chantre de l’Iranian way of life de la République islamique, bien au contraire, le réalisateur Asghar Fahradi a choisi de parler de l’Iran sous les feux de la censure, contrairement à son compatriote Jafar Panahi qui filme désormais en contrevenant à l’interdiction qui lui en a été faite, interdiction d’une durée de vingt ans.
De fait, dans Le Client, il y a une très courte scène qui se passe dans un taxi, qu’on a envie de voir comme un clin d’œil amical à Jafar Panahi, et une référence malicieuse à son Taxi Téhéran. En même temps, dans ce taxi, souvent collectif dans ce pays, une femme agresse le protagoniste, Emad (Shahab Hosseini), au point de demander au chauffeur de changer de place avec un autre passager. Ce dernier, un élève d’Emad qui l’apprécie beaucoup, lui déclare avoir eu honte du comportement de cette femme alors que manifestement, Emad ne lui avait rien fait. Une occasion pour Emad d’expliquer au jeune homme que sans doute cette femme a été agressée par un homme dans un précédent voyage en taxi, ce qui peut expliquer son comportement.
Ainsi va le film d’Asghar Fahradi, comme il en est allé de tous ses films précédents. Avec des petits riens du quotidien, il arrive à créer un sous-texte beaucoup plus signifiant, ici cette agression faite aux femmes. Le Client, dont le titre original, Forushande (vendeur, commis-voyageur) est une référence explicite à la pièce d’Arthur Miller, Mort d’un commis-voyageur (Death of a Salesman), est rempli de ce genre de petites allusions qui font l’intérêt du film.