Je suis sorti déçu et déconcerté par Django…Etienne Comar à qui l’on doit Des dieux et des Hommes, Mon Roi, Timbuktu , les Saveurs du Palais, les Femmes du sixième…autant de films que j’ai beaucoup aimés, ne nous offre pas la biographie attendue de Django Reinhardt, ce génial jazzman qui a inventé le jazz manouche, faisant courir ses doigts à une vitesse folle le long du manche de sa guitare malgré les deux doigts perdus lors de l’incendie de sa roulotte…ce génie du swing, guitariste préféré de Duke Ellington mais qui reste pourtant une figure largement méconnue du grand public…Le film se concentre sur quelques mois de l’année 1943, il s’ouvre en juin 1943, dans une forêt des Ardennes, un camp de tsiganes est attaqué par les allemands qui les tuent et notamment un vieux chanteur aveugle que Django admirait…Ce n’est ensuite que l’on découvre Django, déboulant totalement ivre sur scène mais une fois sa guitare en main, retrouvant sa maestria accompagné par ses musiciens du Hot Club de France, à l’exception de Stéphane Grappelli resté à Londres…il joue devant un public de parisiens aisés et d’officiers allemands… l’un d’entre eux « Doctor Jazz » lui propose d’aller jouer en Allemagne devant Goering, et malgré les exigences des autorités allemandes, pas de blues, pas plus de 20% de swing…il est à deux doigts d’accepter, mais pour protéger les siens, il décide de fuir et de tenter de passer en Suisse à partir de Thonon, où il retrouve ses cousins Hoffmann…cet épisode est réel, il s’enfuit bien à Thonon mais sera arrêté par les gardes frontières et renvoyé à Paris…L’épisode de Thonon s’appuie sur l’ouvrage d’Alexis Salatko, coscénariste du film, qui a écrit « Folles de Django » à partir de témoignages recueillis sur place mais largement romancés…A-t-il été alors confronté à l’horreur qui va toucher sa communauté…c’est là que le film perd sa crédibilité…Django ne se sent pas concerné par la guerre, c’est une guerre de « gadjos » , est-il suffisamment fort pour porter des enjeux aussi lourds…on peut en douter…certes, il a effectivement composé ce « Requiem pour mes frères tsiganes » pour orgues orchestre et chœurs, qui n’a été joué qu’une seule fois et dont la partition est perdue, en hommage à tous les tsiganes massacrés par les nazis…le scénario finit par se noyer dans une réécriture romanesque et perd en vraisemblance…notamment ce personnage de Louise de Clerk interprétée par Cécile de France…heureusement il y a la musique…sur la scène du Hot Club de France, dans le bar de Thonon, devant les roulotes de cette famille manouche si vraie…et même, épisode authentique, dans cette villa d’Amphion devant un parterre de nazis..Django joue…Reda Kateb campe avec une élégance nonchalante un homme secret, habité par sa musique…pour laquelle Christophe Lartilleux, l’un des seuls guitaristes à pouvoir jouer comme Django, est la doublure mains…et cette bande son donne envie de swinguer ….et fait oublier certaines approximations du scénario…