C'est un film vrai et percutant. L'ambiance et les personnages sonnent juste. Et il y aucun peu d'humour pour faire passer un constat assez sombre de la réalité politique de notre pays. C'est vraiment une bonne surprise.
600 euros, ce n'est pas le budget du film d'Adnane Tragha, mais presque. Tourné sans équipe technique autour du réalisateur avec un scénario qui s'écrivait au fil des prises, le résultat n'est certes pas fracassant mais au minimum intéressant dans le sens où se déroulant pendant la période électorale de 2012, il rend compte avec une grande lucidité de l'écart entre les discours politiques et la vie réelle, surtout quand elle est synonyme de galère quotidienne. Cette élection présidentielle est vue de la France d'en bas, entre un votant d'extrême droite, une sympathisante de gauche, un abstentionniste et un étranger qui n'a pas le droit de vote (pour faire court). 600 euros ne brille certes pas par son intrigue chorale et désordonnée, il a plutôt valeur de baromètre social, ce qui n'est déjà pas si mal. Et parle aussi de la solitude et du sentiment d'exclusion qui se propagent dans cette France où l'espoir est ténu et l'avenir sombre pour une grande partie de ses citoyens. Il y a tout de même quelques grammes de tendresse, de tolérance et même d'humour dans ce premier film dont la qualité première est le désir de filmer, en particulier ceux qui sont le plus souvent délaissés par notre cinéma hexagonal.
Tout simplement génial. 600 euros pique où ça fait mal. Ce film nous met face à nous même et face à nos déceptions avec beaucoup de réalisme. On sort de la salle avec une envie de se battre. Je conseille vivement.
600 euros tente une approche immersive pour mieux comprendre les mécanismes de la dépolitisation. Un résultat inégal. (...) Cette petite mosaïque des différentes attitudes face à la politique cherche à donner à comprendre les raisons des choix radicaux qui éloignent les jeunes du vote et de l'engagement ou bien les font tomber dans la marmite nationaliste. (...) Le film ne rend compte d'aucun combat, d'aucune alternative en marche en dehors de l'élection présidentielle, si bien que le lien entre intime et cité ne s'opère que sur un mode dépressif. La politique n'étant située que sur le mode électoral, les ouvertures finales restent réduites aux histoires singulières des personnages. L'espoir coûte que coûte, certes, mais dans quelle perspective collective ?