Un western presque à l'ancienne -mais très violent, pas pour les marmots-, dont on sort ébloui. De loin ce qu'il y a de mieux sur les écrans à l'heure actuelle! Dois je dire qu'avant je ne connaissais pas Scott Cooper, mais que désormais je vais le suivre?
C'est l'histoire de la rédemption d'un homme, que l'on pourrait qualifier de: méchant par ignorance. Le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale, qu'on n'imaginait pas si bien!) est en fin de carrière et, pendant toute celle ci, il a tué des Indiens. Parce que c'est ce qu'on lui demandait de faire et qu'il était un parfait militaire. Il déteste les Indiens. Parce que ceux ci on tué ses trois meilleurs amis, et qu'il a été témoin d'atrocités dont les Indiens étaient responsables. Et il ne s'est jamais demandé si ceux ci, au départ et avant tout, n'avaient pas été aussi des victimes.... Et c'est par ailleurs, avec ses camarades et les hommes dont il a la charge, un homme très humain.
Mais les temps changent. les autorités fédérales veulent faire quelques gestes en faveur des Indiens -ceux qui n'ont pas été parqués dans des réserves- et par exemple, relâcher le chef le chef Yellow Hawk (Wes Studi, qu'on est toujours heureux de retrouver bon pied bon oeil -de faucon naturellement) qui est enfermé depuis six ans avec toute sa famille, sa fille, son fils Black Hawk (Adam Beach), la femme de celui ci, et sa petite fille. Et qui maintenant se meurt d'un cancer. Il faut donc accompagner les captifs du Nouveau Mexique jusqu'au Montana. Blocker refuse -pas question d'aider les sauvages! et n'accepte que menacé de cour martiale, ce qui à la veille de la retraite ferait mauvais effet.
Et dès que le convoi a quitté le prison, les "sauvages" sont enchaînés, et dès le second jour la haine de Blocker trouve du grain à moudre car ils tombent sur une ferme dont toute la famille a été massacrée par des Comanches voleurs de chevaux, hormis la jeune femme, Rosalie (Rosamund Pike), traumatisée, à demi folle, berçant contre elle le cadavre ensanglanté de son fils qu'ils sont contraints d'emmener avec eux.
La route sera longue, semée de périls, les Comanches omniprésents, mais aussi des brutes locales, des trappeurs qui convoitent les femmes.... Sans parler d'un condamné à mort qu'ils sont contraints de convoyer, le sergent Wills (Ben Foster) coupable d'un crime abominable, mais dont l'image renvoie Blocker à toutes les abominations qu'il a lui même commises. Contre tout cela, il faudra bien faire cause commune avec Yellow Hawk. Et petit à petit, au fil du voyage, évoluer au contact de cette famille si unie, si aimante et si digne -ne manifestant aucun geste de rancune, mais au contraire des témoignages constants de compassion et de solidarité envers Rosalie.
Naturellement, ce message est un peu simpliste, naturellement la fin, en particulier, peut laisse perplexe. Mais toutes ces réserves qui surviennent a posteriori n'existent pas au cours du film, où on est happés par un extraordinaire récit d'aventures que John Ford ou Budd Boetticher (le plus grand réalisateur de western au monde n'est ce pas...) n'auraient pas renié; par le soin avec lequel sont restitués les personnages secondaires, les ambiances des bivouacs; par les paysages envoûtants; par la force de la confrontation entre Wills et Blocker; par l'évolution du héros, lente mais irréversible; et par l'humanisme qui se dégage de cette magnifique réalisation.