Symbole par excellence du cinéma américain, le western est probablement le genre cinématographique qui exprime le mieux l’histoire de l’Amérique contemporaine, la ruée vers l’or, la conquête de l’Ouest, les conflits ethniques, le rapport aux armes…et sa mythologie férue de thèmes forts, la rédemption, le triomphe du bon sur la brute…. depuis le vingt et unième siècle, le genre a quasiment disparu, mais néanmoins des réalisateurs comme les frères Coen ( True Grit) , Quentin Tarentino (Django unchained), Kévin Costner ( Open Range) Ed Harris ( Appaloosa) ou Tonny Lee John ( The Homesman) ont su redonner un nouveau souffle au genre…Aujourd’hui c’est Scott Cooper qui avec Hostiles nous offre un western puissant, prenant et majestueux…
En 1892, un légendaire capitaine de l’armée américaine, Joseph Blocker, vétéran des guerres indiennes, dont on dit qu’il a pris autant de scalps que Sitting Bull, accepte à contrecœur d’escorter un chef de guerre Cheyenne, Yellow Hawk et sa famille, désireuse de retourner sur leurs terres tribales pour y mourir car il est atteint d’un cancer. Sur le chemin, qui va les emmener du Nouveau Mexique au Montana, il recueille une jeune veuve, Rosalie Quaid, dont la famille vient d’être assassinée par des comanches.
Au cœur de superbes paysages filmés par une caméra inspirée, qui veut exalter la beauté de la nature et des terres américaines, Scott Cooper s’attache à ces personnages dont le caractère a été forgé par cette souffrance et cette violence qui a marqué cette fin du XIX iem siècle…Le capitaine Blocker et le chef Yellow Hawk
se sont livrés une guerre sans merci, ils vont devoir s’entraider pour parcourir les 1500 km qui séparent le Nouveau-Mexique du Montana, accompagnés des frères d’armes de l’un et de la famille de l’autre. Rosalie est à la recherche de la part d’humanité qu’elle a perdue et c’est dans les yeux de ces cheyennes qu’elle va la retrouver. Débute alors pour ces personnages, un chemin de résilience où chacun, au côté de l’ennemi d’antan, va devoir questionner son passé, ses fautes, ses hostilités et ses douleurs pour survivre. Christian Bale est impressionnant dans le rôle d’un homme qui voit l’ancien monde qu’il représente s’effondrer. Son masque de combattant, se fissure progressivement et reste insensible à la mauvaise conscience que cherche à lui insuffler, Charles Wills, son ancien compagnon d’arme qui a failli à l’honneur et que l’on lui a demandé de conduire au tribunal…
Le périple qui conduit au Montana est lent, au rythme des chevaux qui avancent au pas au milieu de reliefs qui les écrasent…et d’une nature majestueuse et silencieuse et la musique de Max Richter, participe également à la splendeur de la reconstitution d’une époque, certes violente, mais qui n’avait pas encore été souillée par l’industrialisation, la mécanique et le béton…
Beau sans être poseur, profond sans être moralisateur, Hostiles se range aux côtés des meilleurs westerns des dix dernières années….