Je ne pense pas avoir vu un film commencer aussi mal, de façon aussi caricaturale : au lieu de gagner du temps pour que sa femme et ses filles puissent s’enfuir, et au lieu de supposer qu’il y a une petite chance pour que les comanches, qui arrivent peinards, puissent ne pas vouloir les massacrer, le valeureux (euphémisme) mari … leur fonce dans le tas en leur tirant dessus ! Ce qui a pour effet de les faire arriver plus vite, de les faire assurément tuer et de les faire se retrouver alors à une dizaine de mètres de la femme. Mais heureusement il a été prévu de téléporter cette dernière assez loin pour que les comanches ne puissent pas la rattraper à temps ! Cette scène m’a paru d’une telle invraisemblance … je suis généralement plutôt pointilleux et à l’affût des incohérences, ok, mais là c’est du pain béni !
Question manque de réalisme, le revirement du capitaine, qui, et il l’avait bien fait comprendre au point de préférer a priori la cour martiale plutôt que d’obéir à un ordre, voue une haine viscérale envers les cheyennes, et en particulier envers son chef qu’il doit escorter. Alors on pourrait croire que c’est suite à un discours profond du chef cheyenne que cela s’opère, mais non. Lorsque le chef dit « je n’ai pas peur de la mort », il semble que cela a un effet tel qu’ensuite ce capitaine, qui a massacré des indiens (hommes femmes et enfants), celui qui a la réputation de scalpeur et d’éventreur (ou égorgeur, ce n’était pas clair) perde toute volonté d’exécuter le chef. Pire, il se met alors, et jusqu’à la fin, à lui parler avec respect et déférence ! Bon il lui met quand même des chaines, car on était supposé croire qu’un guerrier indien, parce que vieux et cancéreux, ne pouvait plus être une menace pour qui que ce soit, ce qui justifiât le fait qu’il n’avait jusqu’alors aucune entrave …
A l’inverse la prise de conscience et le « revirement » d’un des soldats est plus réaliste, car pas du tout soudain contrairement au cas précédent, et le fruit d’une mure réflexion, ou plutôt cogitation destructrice, sur la notion du bien et du mal. Ce qui l’amènera un peu plus tard au suicide car il n’arrive plus alors à assumer les atrocités qu’il a commises.
Pour parler de l’ensemble … que de longueurs !! Alors d’accord on peut considérer que d’autres films traitant le sujet ne se seraient pas suffisamment attardés sur les traumatismes psychologiques des différentes situations violentes décrites dans le film, mais là on en fait trop et trop longtemps, il ne faut pas se tromper de genre non plus. Par contre les paysages sont magnifiques, les prises de vue sont très belles. Le jeu d’acteur me semble moyen, et je dirais que Christian Bale n’arrive pas à bien incarner le soldat sanguinaire capable de s’émouvoir devant la détresse d’une femme, et capable du plus grand respect pour son grand ennemi dans un revirement de quelques minutes … en même temps, c’est quand même compliqué !!
A cela s’ajoutent, pour la version française, des imprécisions de traduction. Par exemple le dialogue suivant concernant le prisonnier que devait escorter le capitaine : « Pourquoi le ramener dans cette ville ? » « Car c’est là-bas qu’il a déserté, il risque la peine cour martiale ». Pourquoi ? ». Ben il ne vient pas déjà de le dire, la désertion étant une cause de passage en cour martiale ??? En fait la réponse montre alors qu’il y avait de quoi la poser, le capitaine devait donc avoir une excellente intuition ! Ensuite : « vous l’avez égorgé de bas en haut ». Ok, pourquoi pas, d’ailleurs ça a valu avec un ami un débat sur la possibilité justement de mauvaise traduction. Pour moi, et d’après le contexte (vengeance après s’être pris une lance dans le ventre qui lui mettait ses tripes à l’air …) il s’agît plutôt d’ « éventré ». On ne le saura jamais, à moins de savoir interpréter, deviner, comment le capitaine achève le cowboy à la fin, là encore il y avait eu débat. Ca semble dérisoire, mais ça fait beaucoup d’imprécisions …
Pour conclure un film avec un bon potentiel de départ, gâché par ce revirement caricatural du capitaine et des longueurs empreintes de trop de sensibilités au regard du contexte, en plus de quelques incohérences. Pour le côté politique, je note que le réalisateur n’a pas voulu nous faire croire via ce film que c’est le gouvernement qui regrettait ce qu’il avait fait aux indiens, tant mieux. Au contraire même, si je me rappelle bien il y a une phrase dénonçant l’hypocrisie, en forme de diversion, du gouvernement en médiatisant le dernier voyage du chef cheyenne. Le but semblait plutôt de passer par les différents personnages pour dénoncer leur traumatisme face aux conséquences de ce génocide, là c’est plutôt réussi malgré en avoir rajouté par moments.