Marina est une femme trans dont la vie est chamboulée lorsque son conjoint fait un malaise cardiaque, et se cogne violemment en tombant. Les urgences appellent les flics de suite, les flics veulent enquêter sur ces fameux bleus ("Non, non, ça n'a rien à voir avec votre sexualité, Madame, on fait cela à chaque fois.", tiens, mon œil), la famille du conjoint repousse durement Marina... Rien ne va plus. Dans une société où l'on considère davantage le slibard ou la culotte que l'individu en deuil, paniqué, déjà mal dans sa peau, on ne peut que soupirer de tristesse pour tout ce que ce personnage arrive à traverser, d'humiliations (
l'examen clinique où même le médecin veut faire sortir la flic, mais que cette dernière insiste pour rester et reluquer méchamment le corps de Marina... Une vipère.
), de violences (le fils et la femme du conjoint), d'opinion public qui est d'emblée négative dès lors qu'ils perçoivent "Daniel" avant "Marina". Parce qu'elle tente péniblement de traverser tout cela, Marina est vraiment une "femme fantastique", et son actrice Daniela Vega est vraiment épidermique dans sa façon de retranscrire les émotions de son personnage, qu'on fait sien en deux secondes (si l'on est lent). Petits rayons de soleil (pour ne pas généraliser l'attitude débectante d'autrui envers Marina), le frangin du conjoint, qui s'évertue à lui tendre la main, et l'employé
du crématorium qui lui permet de faire ses adieux à son partenaire
sans que la famille (vindicative) ne le sache... On aime aussi énormément
le fantôme (la vision ? Le doute est permis, mais on ne voudrait presque pas savoir la vérité, et imaginer qu'il est bien là à ses côtés) de son partenaire, qui est là à chaque coup de mou, et disparaît (en tout cas, on ne le voit plus, peut-être reviendra-t-il ensuite) après la scène du crématorium, dans un final où Marina commence à tourner la page.
Beaucoup de finesse, d'élégance, de tristesse profonde, mais aussi de résilience, on parle autant de Una Mujer Fantastica que de son personnage principal.