Sur le thème de la mère qui se bat pour récupérer son enfant il y a au départ le risque du mélo autour du mythe de la mère-madone. Le grand mérite de ce filme est, après cette entrée attendue, de très vite créer un malaise autour de cette mère hypernerveuse et égocentrée et d'y opposer rapidement - et complaisamment, il faut l'avouer, mais c'est pour assurer le recentrage du récit sur lui - un enfant épanoui, parfaitement heureux avec sa tante, sa grand-mère, ses copains et une fausse tombe pour le rattacher au souvenir d'une mère qu'il croit morte. Car c'est bien là le sujet, le message du film : dans la situation où il est, pourvu qu'il soit entouré d'amour, l'enfant se construit, construit son équilibre, construit sa vie, et le rôle des adultes est de respecter avant tout cette construction, plutôt que de penser:à leur propre besoin d'amour. Aimer l'enfant pour lui et non pour soi. Belle leçon.
Faut-il se laisser faire quand, pour compenser ce côté un peu trop démonstratif, la caméra tente de créer une empathie, un effet de plans subjectifs, en frôlant avec insistance en très gros plan les dos, les nuques des personnages ? On peut aussi s'agacer de l'insistance du procédé. Procédé encore, pour bien faire comprendre que cette "autre vie " de l'enfant, est "ailleurs", le choix du Paraguay, un pays peu connu du public français, dont la langue espagnole est devenue celle dans laquelle l'enfant s'exprime naturellement. Démonstratif donc à la limite de l'artificiel. Mais les acteurs - tous, mais en particulier l'enfant, absolument naturel, et Isabelle Carré, comme toujours incroyablement juste dans un personnage d'écorchée vive pourtant écrit à la limite de la caricature - emportent l'adhésion.