Au sein de la pléthorique filmo de Takashi Miike, ce ‘Blade of the immortal�, centième film de l’intéressé, appartient à la catégorie, devenue majoritaire au fil des années, de ces adaptations de manga qu’il besogne à la chaîne, des adaptations souvent correctes mais dans lesquelles le savoir-faire du réalisateur se limite à tirer le meilleur parti de moyens limités et non à laisser libre cours à sa verve visuelle et conceptuelle. Comme son titre l’indique, ‘Blade of the immortal� narre l’histoire d’un samouraï immortel qui tue des dizaines d’adversaires pendant plus de deux heures pour assouvir la vengeance d’une gamine qui lui fait penser à sa petite soeur morte depuis longtemps. La progression narrative de ce Chambarâ est typique, en version accélérée, d’un manga qui se serait étalé sur pas loin de quinze ans (et c’est justement le cas de celui de Hiroaki Samura) ou d’un Beat them’all où il faudrait latter des adversaires de plus en plus puissants pour atteindre le boss de fin, combat immédiatement précédé d’un soi-disant “révélation� qu’on sentait venir à cent bornes. Ce clone de ‘Highlander’ en kimono est d’une durée considérable, comme le sont souvent les films japonais. Il est également ultra violent: Manji le samouraï peut bien se faire découper en morceaux, il suffit à sa petite acolyte de recoller tous les morceaux ensemble pour qu’il reparte tranquillement au charbon, grâce à l’action curative de “vers magiques� qui circulent dans son corps (Oui, je sais, ne cherchez pas forcément à creuser...). Enfin, pour mon plus grand bonheur, il ne fait l’impasse sur aucun des éternels clichés qui abondent dans la bande-dessinée nippone, à l’instar de ces personnages forcément détenteurs d’un lourd secret enfoui au plus profond d’eux-mêmes, de ces guerrières surpuissantes et vindicatives pourvues d’une sensibilité de collégienne à couettes ou de ces vannes aux vagues relents pédophiles, quitte à ce que le résultat tienne du Film de Niche en dehors du Japon. Reste que ceux qui ont un peu l’expérience des films de Miike regretteront sans aucune doute que ‘Blade of the immortal’ ne franchisse jamais la limite qui sépare la subversion “civilisée� d’un Tarantino d’une authentique production déviante : c’est violent, ça flirte même avec les frontières du gore...mais compte tenu des standards japonais en la matière, jamais à l’excès. C’est délirant, oui, mais pas d’une manière qui soit inacceptable aux yeux du grand public. Miike a bien compris qu’adapter un manga, qui s’adresse par définition au grand-public, supposait une approche également orientée vers le grand-public, même si ce concept de “Grand Public� n’a pas grand chose à voir avec ce qu’il implique en Occident. On peut le regretter mais c’est comme ça.