Anxiogène jusqu’à l’insoutenable, mais indispensable. Indispensable, car cet « Attaque à Mumbai » vient nous rappeler deux choses, que nous autres Occidentaux ou/et cinéphiles, pouvons vite oublier. En effet, les attaques terroristes au nom d’Allahou Akbar (« Dieu est le plus grand ») ne sont propres ni à d’anciens pays colonisateurs (France, Royaume-Uni) ou des pays en guerre (Syrie, Irak, Afghanistan) ni réservées à Al-Qaida et l’Etat islamique, mais s’inscrivent dans un processus plus large et plus profond. Comme l’affirmait Samuel Huttington en 1993, ce sont toutes “les frontières de l'Islam qui sont ensanglantées”, y compris dans le sous-continent indien depuis l’indépendance-partition de 1947 entre le Pakistan et l’Inde (où demeurent toutefois 14% de musulmans). A cet élément géopolitique s’ajoute une notion humaine, qui sonne comme un rappel à l’ordre : il n’y a pas de héros inné, mais des hommes dont le tempérament et le courage appellent à des gestes héroïques en des circonstances tragiques. Au travers de ce focus sur le siège, de plus de 60h (selon Le Point il aurait fallu 2 ans de préparation pour une telle attaque), au Taj Mahal Palace (31 morts alors qu’il y avait plus de 1 000 personnes), Anthony Maras revendique l’anxiété qu’il nous transmet, car « la fonction de l'art est de refléter le monde dans lequel nous vivons », et par la même nous montre ô combien sont laborieuses et difficiles les décisions à prendre pour qui se trouve dans cette situation. Mieux vaut ce film, avec ses imperfections et ses limites, qu’un énième thriller qui nie les lois de la physique et de la balistique pour nous mettre en scène un héros préfabriqué. Ainsi, s’il est justifié que ce film fut interdit au -16 ans, dont le film a pâti pour ses diffusions, les thrillers soi-disant « tirés de faits réels » aux résolutions trop faciles qui nous entretiennent dans un monde naïf, devraient eux, être interdit au plus de 16 ans.