On a déjà eu droit à beaucoup de film relatant le raid d’Entebbe, qui fut ordonné suite au détournement du vol Paris-Tel Aviv en juin 1976 par un commando constitué de Palestiniens et de membres de la Fraction Armée Rouge. Pour rappel, tout en feignant de négocier, le gouvernement israélien mit sur pied une opération secrète afin de libérer les otages : cette action, menée à 4000km du pays sans le moindre soutien extérieur, sur le territoire d’un pays étranger, semblait vouée à l’échec mais en termes strictement militaires, elle fut un succès retentissant : les preneurs d’otages furent tous abattus (ainsi qu’un nombre inconnu de soldats ougandais), alors que les Israéliens perdirent seulement un soldat et trois otages. Cette nouvelle vision de l’événement n’est pas une resucée du ‘Operation Thunderbolt’ de la Cannon, et l’assaut en lui-même sera bref et filmé avec une extrême sobriété, sa violence partiellement dissimulée derrière un étrange ballet de danse moderne. Voilà qui peut sembler étonnant de la part du Brésilien José Padilha, qui avait signé les impitoyables ‘Tropa de elite’ mais après tout, on se souvient que le second opus de cette série s’intéressait déjà davantage aux contingences politiques et à tout ce qui se trame dans les coulisses qu’aux actions du BOPE. Ici, Padhilla s’attarde sur les terroristes allemands, vite dépassés par les événements, dont la démarche idéologique s’harmonise mal avec la lutte plus pragmatique de leur collègues palestiniens, qui méprisent en retour ces intellectuels qui prétendent régenter et théoriser leur combat. On s’intéresse à un soldat de Tsahal pétri de sa mission, pour qui c’est un crève-coeur d’abandonner sa famille. On assiste aux débats au sein du Cabinet israélien, à la différence des points de vue entre Pérez et Rabin, à la conviction fataliste de ce dernier que succès de l’opération ou pas, le refus de négocier avec les Palestiniens n’est pas une position tenable sur le long terme. Si le résultat n’est pas dépourvu d’intérêt, on peut regretter que le film, à force d’essayer d’aboutir à la position la plus équilibrée, échoue à produire le moindre point de vue personnel sur la question : les Gauchistes étaient naïfs, les Palestiniens avaient leurs raisons et les Israéliens n’avaient pas le choix, au final, tout ça, c’est la faute à personne. Si on peut mettre sans crainte une dialectique des valeurs dans la bouche des personnages, en tant que réalisateur-démiurge, il faudrait un certain cran pour faire passer l’idée qu’on a pour conviction prioritaire personnelle le droit à l’autodétermination des Palestiniens, et plus encore le droit à la sécurité des Israéliens...et les bailleurs de fonds n’aiment pas trop ça, le cran et la prise de position. Quitte à froisser les soutiens les plus acharnés des deux camps en présence, une position affichée plus fermement, dans une direction ou une autre, aurait pu ouvrir le débat bien mieux qu’un consensus aussi mou et prudent.