Le meilleur film du trimestre! Et non, et malgré la géniale Frances McDormand, c'est un film de Martin McDonagh, et pas des frères Coen. Ca pourrait l'être.... presque. J'expliquerai pourquoi à la fin.
Mildred Hayes, une femme malgracieuse, que la vie n'a pas gâtée. Son mari (John Hawkes) l'a plaquée pour aller vivre avec une jeunette aussi stupide que jolie (il devait avoir du mal à supporter son gendarme domestique). Et puis, sa fille a été assassinée et violée, violée alors qu'elle agonisait. Et depuis plusieurs mois, rien: l'enquête est au point mort.... Mildred a alors cette idée folle, pour faire bouger les choses: louer trois emplacements publicitaires sur une petite route qui passe en dessous de chez elle, -dans un paysage d'ailleurs boisé et charmant!- à l'agence d'Ebbing, tenue par le jeune Welby (Caleb Landry Jones), trois énormes panneaux où, en majuscules blanches sur fond rouge, elle interpelle le chef de la police Willoughby (Woody Harrelson) et l'accuse de ne rien faire. Que pouvait il faire? Il n'y a eu aucun témoin, et l'ADN relevé ne matche avec rien. Et sans doute serait elle moins enragée, si elle ne se sentait pas aussi un peu, quelque part, coupable. Car elle n'a pas été une mère très aimable, et le soir même du crime, elle avait refusé sa voiture à sa fille.
Pourquoi Willoughby? Parce que c'est le chef, point final. Et elle se fiche de savoir que c'est un homme bien, juste, que tout le monde aime et respecte, bon père, bon mari, et qui de plus, alors qu'il a deux petites filles, est atteint d'un cancer du pancréas inguérissable. Elle s'en fiche. Elle suit son idée fixe avec un entêtement de dingue. Evidemment, l'opinion publique se retourne contre elle... Son fils Robbie (Lucas Hedges), brave garçon, elle lui fait honte.....
Pourtant, au siège de la police, il y a un vrai salaud c'est Dixon (Sam Rockwell). Son jeu préféré? Tabasser les Noirs. On verra qu'à l'occasion, il n'hésite pas non plus à tabasser les Blancs, et même à les défenestrer. Ah, il adore aussi se moquer de James (Peter Dinklage), homme de petite taille.... Faut dire qu'il vit couvé par sa mère, une méchante vieillarde abusive au physique de bouledogue....
A partir de là, on assiste pendant deux heures à un ahurissant jeu de rebondissements, de retournements de situation, il y a une péripétie par minute -on s'accroche à son fauteuil! Une mise en scène plus brillante, plus étincelante, cela ne se peut imaginer.
Alors, pourquoi n'est ce pas complètement Coenien? Parce que, bizarrement, de toute cette accumulation d'horreurs et de violences, finit par se dégager une morale et même une éthique. C'est parce qu'il arrivent à se pardonner les uns les autres (et tout particulièrement à la suite de Willoughby, qui comprend la rage de Mildred et ne lui en veut pas) -on voit toute une chaîne de pardons qui s'organise- que, de façon tout à fait surprenante, on va s'acheminer vers une fin apaisée.... Qui l'eût cru? Mais ça tape dur avant d'en arriver là.
Quant à l'impériale Mrs McDormand, elle devrait faire taire toutes les pleureuses "I a plus de rôles pour les femmes de cinquante ans!" Il y en a donc, et des beaux -à condition de ne pas avoir peur de s'exposer sans maquillage, le cheveu sale et en bataille, vêtue de salopettes informes, mais l'intrépide Frances n'a peur de rien....
A voir absolument, c'est génial!