Il suffit souvent d’un événement anodin pour bouleverser une existence : par exemple, le fait qu’un test génétique familial doive être organisé, votre fille étant déjà bien avancée dans sa grossesse alors que votre famille a déjà présenté des cas d’une maladie génétique. Verdict de cette batterie de tests : votre père, celui qui vous a élevé, n’est pas votre père biologique. Voilà ce qui arrive à Erwan, un démineur travaillant et habitant en Bretagne. Que faire lorsqu’on vous assène une telle nouvelle ?
Certes Erwan ressent beaucoup d’affection pour Bastien, l’homme qu’il a appelé papa, l’homme qui l’a élevé, mais il aimerait bien savoir qui est son véritable père. D’où l’embauche d’une détective privée qui va finir par désigner Joseph, un homme très engagé politiquement et qui donne à ses chiens des noms d’odieux dictateurs dans le seul but de pouvoir leur ordonner « aux pieds Ceausescu » ou « aux pieds Pinochet ». Erwan va donc devoir gérer la situation embarrassante consistant à avoir deux pères. Toutefois, une autre situation, encore plus embarrassante, lui tombe dessus simultanément : Anna, la très charmante jeune femme dont il est en train de tomber amoureux et réciproquement, n’est autre que la fille de Joseph et serait donc sa demi-sœur !
A priori, on pourrait penser qu’il difficile de prendre à la légère la situation face à laquelle se trouve ce pauvre Erwan ! La paternité, les rapports entre un fils et un premier père, puis un second père, l’amour interdit : que du lourd ! Mais, d’un autre côté, pourquoi ne pas traiter cette situation sous la forme d’une comédie à la fois drôle et émouvante et qui traiterait le sujet en mélangeant subtilement gravité et légèreté ? Et voilà comment Carine Tardieu a construit son film, présenté cette année à la Quinzaine des Réalisateurs et pour lequel on a envie d’écrire : « si vous n’allez qu’une fois au cinéma cette année, allez voir "Otez-moi d’un doute" ! »
En effet, il faudrait indéniablement une sacrée dose de mauvaise foi pour prétendre être resté insensible face à ce film dans lequel on passe très souvent, en l’espace de quelques secondes, du rire venant de situations ou de répliques particulièrement comiques à une émotion authentique, absolument pas surjouée. François Damiens est excellent, Cécile de France n’a jamais été aussi pétillante ! Sans l’ombre d’une hésitation : LE film de la rentrée.