A ne pas manquer à plus d’un titre : le film agace comme le font les récits réalistes où les personnages sont moins héroïques que dans nos rêves mais, avec une façon très particulière de faire vivre la caméra -comme un acteur-, il renvoie des images très riches du Caire.
Le film commence, à quelques jours du départ forcé de Moubarak en janvier 2011, avec les jolies retrouvailles au Caire d’un groupe de jeunes. Le groupe se sépare ; trois d’entre eux, cinéastes, repartent vers soit en exil à Berlin, soit affronter les dangers de Bagdad soit ceux de Beyrouth. Khalid reste sur place, mais sa petite amie part pour l’Europe.
Khalid ambitionne de réaliser un film qui serait un ‘’miroir honnête’’ du Caire, mais il est déstabilisé, outre le départ de sa petite amie, par la maladie de sa mère hospitalisée et par les difficultés qu’il éprouve à déménager.
Pour mieux parler d’une ‘‘fin de règne’’, Tamer El Saïd nous montre son héraut dans une période où lui-même perd ses repères de confort, qui faisaient son cadre de vie.
Il filme Le Caire, saisissant certes quelques scènes intéressantes mais décousues, mais passant à côté d’événements et d’images remarquables : on le voit errer, caméra à la main, on voit parfois les images qu’il fait, mais on voit aussi celles qu’il ne fait pas, à côté desquelles il passe.
Parmi les images qu’il fait : de magnifiques paysages de toits du Caire ; un homme bat sa femme sur une terrasse ; les mannequins d’une vitrine sont pudiquement cachés par du papier journal le temps de changer les vêtements qu’ils portent…
Parmi les images à côté desquelles il passe en pur spectateur : les manifestations notamment place Tahrir; l’arrestation très violente d’un jeune ; à deux pas des émeutes, des spectateurs du match Egypte-Algérie de la Coupe d’Afrique font autant de bruit que les manifestants…
Le film nous parle donc beaucoup du Caire et des événements de 2011 ; il donne envie de revoir ‘’Après la bataille’’ de Y. Nasrallah, pour comparer les visions.
Il parle aussi, plus subtilement, de subjectivité, de la manière propre à chacun de voir les choses et de vivre les événements.
Il parle aussi de dépression, voire de ’’simple’’ spleen. C’est là où il est agaçant, même s’il le fait bien.