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Olivier Barlet
293 abonnés
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4,5
Publiée le 12 septembre 2017
Premier film de Tamer El Said, qui a fondé le centre de formation alternatif Cimathèque au Caire, tourné en 2009 mais nous arrivant après une longue gestation, Les derniers jours d'une ville suit les pas d’un cinéaste voulant documenter sa ville, mais, en quête d’un nouvel appartement, ne voit que dégradations, ce qui le plonge dans la mélancolie. Il développe une radicale poésie : proximité de la caméra qui multiplie les très gros plans et les métonymies, appréhension de la chorégraphie des corps, recadrages intempestifs et flous artistiques, relative confusion du récit, approche charnelle des personnages, désynchronisation des dialogues et de l’image insistant davantage sur les ressentis que les mots, et donc contrepoint permanent. Il s’agit pour Khalid, ce réalisateur de 35 ans qui cherche à capturer le souffle de la ville, « d’entendre le silence dans le tumulte du Caire ». Rencontrant furtivement un amour perdu mais aussi en contact avec des amis qui filment leur vie et lui envoient des vidéos de Beyrouth, Bagdad et Berlin, il cherche l’énergie lui permettant de survivre. « Je veux filmer mais je ne sais où ça me mène ». Il nous entraîne ainsi dans cet échange et cette quête dans un film mosaïque, puzzle kaléidoscopique où l’on se perd pour mieux se retrouver. Certains plans sont d’une grande beauté dans leur mouvement et leur émotion. Agencée par touches comme un tableau, cette esthétique de la reconstruction cherche la beauté qui encourage alors que la ville comme le monde s’effritent tout autour. (extrait du compte-rendu des Rencontres des cinémas arabes 2016 par Olivier Barlet sur le site d'Africultures)
On pourrait penser à l'oeuvre d' Anselm Kiefer pour l'approche esthétique du cinéaste. Le film n'a pas l'ampleur ni la profondeur du plasticien mais les gradients qu'il appose à ses thèmes participent à l'émergence d'une représentation où la psychologie, la matière et l'histoire s'entremêlent et se dépouillent. Oeuvre artistique intéressante si l'on suit cette intention en filigrane car il n'est pas évident de tenir ces syntagmes à la fois fragiles et repliés.
On louera la qualité exceptionnelle de la photographie, on se félicitera de la vision de certains passages très intéressants mais on regrettera la façon dont est menée la conduite du récit, particulièrement brouillonne. Dommage !
A ne pas manquer à plus d’un titre : le film agace comme le font les récits réalistes où les personnages sont moins héroïques que dans nos rêves mais, avec une façon très particulière de faire vivre la caméra -comme un acteur-, il renvoie des images très riches du Caire.
Le film commence, à quelques jours du départ forcé de Moubarak en janvier 2011, avec les jolies retrouvailles au Caire d’un groupe de jeunes. Le groupe se sépare ; trois d’entre eux, cinéastes, repartent vers soit en exil à Berlin, soit affronter les dangers de Bagdad soit ceux de Beyrouth. Khalid reste sur place, mais sa petite amie part pour l’Europe.
Khalid ambitionne de réaliser un film qui serait un ‘’miroir honnête’’ du Caire, mais il est déstabilisé, outre le départ de sa petite amie, par la maladie de sa mère hospitalisée et par les difficultés qu’il éprouve à déménager.
Pour mieux parler d’une ‘‘fin de règne’’, Tamer El Saïd nous montre son héraut dans une période où lui-même perd ses repères de confort, qui faisaient son cadre de vie.
Il filme Le Caire, saisissant certes quelques scènes intéressantes mais décousues, mais passant à côté d’événements et d’images remarquables : on le voit errer, caméra à la main, on voit parfois les images qu’il fait, mais on voit aussi celles qu’il ne fait pas, à côté desquelles il passe.
Parmi les images qu’il fait : de magnifiques paysages de toits du Caire ; un homme bat sa femme sur une terrasse ; les mannequins d’une vitrine sont pudiquement cachés par du papier journal le temps de changer les vêtements qu’ils portent…
Parmi les images à côté desquelles il passe en pur spectateur : les manifestations notamment place Tahrir; l’arrestation très violente d’un jeune ; à deux pas des émeutes, des spectateurs du match Egypte-Algérie de la Coupe d’Afrique font autant de bruit que les manifestants…
Le film nous parle donc beaucoup du Caire et des événements de 2011 ; il donne envie de revoir ‘’Après la bataille’’ de Y. Nasrallah, pour comparer les visions.
Il parle aussi, plus subtilement, de subjectivité, de la manière propre à chacun de voir les choses et de vivre les événements.
Il parle aussi de dépression, voire de ’’simple’’ spleen. C’est là où il est agaçant, même s’il le fait bien.
Sorti en 2017, ce film de l'Egyptien Tamer El Saïd est une curiosité a bien des égards. Il est passé par la Berlinale et a remporté la récompense suprême au Festival des 3 Continents de Nantes.
Sa première particularité est de présenter tous les atours d'un documentaire, ou du moins d'une auto-fiction, alors qu'il est entièrement scénarisé.
On suit un cinéaste qui cherche à changer d'appartement dans une ville du Caire pré-inserructionnelle. On croise sa mère gravement malade, sa copine qui part à l'étranger et des copains qui vivent dans d'autres villes (Berlin, Beyrouth, Bagdad).
Le film est déroutant dans le rapport ambigu à la réalité qu'il entretient. Il n'est pas facile par exemple dans un premier temps de démêler ce qu'on voit à l'écran : le film lui-même ou les images du film autobiographique que le cinéaste est en train de tourner ?
Après une demi-heure, on a compris le principe du film, et on peut alors apprécier pleinement ce beau portrait du Caire, à la fois sous l'angle de la vie quotidienne (les cafés, les mendiants, les immeubles) et sous l'angle de la prémonition politique (la répression policière, l'islamisme qui s'infiltre partout, y compris dans les ascenseurs...). Les derniers jours d'une ville fourmille également de multiples détails qui intriguent et interpellent (une femme récurrente avec des fleurs blanche comme chez Kieslowski, l'aspect kafkaïen des visites d'appartement).
Il se dégage de ce joli film ambitieux une douce mélancolie parfois un peu apprêtée, mais au final plutôt agréable.