Le cinéma de divertissement russe, c'est un peu n'importe quoi; surtout quand ils tentent d'imiter les américains en mêlant un principe de la pop culture occidentale au jeu de colo par excellence, le Loup-garou. Un Battle Royale (certes japonais de base, mais démocratisé plus tard par les Hunger Games et autres Fortnite) qui rencontre un jeu de rôles basé sur le mensonge et les apparences, c'était suffisamment n'importe quoi comme idée pour avoir ce petit truc de fascinant.
On comprend rapidement que si le principe était alléchant, il en ira autrement de sa forme : Mafia : The Game of Survival est très mauvais dès ses premières secondes, et la tension retombe à l'instant de se rendre compte de la qualité de l'image, immonde et filtrée sans le sou. Les couleurs sont mal foutues, le tout numérique des décors rend tout aussi mal que le film manque de budget, et la mise en scène est d'une rigidité presque incroyable.
Il n'y a rien ici, aucun propos artistique, pas même une once de message passé par la mise en scène de Sarik Andreasyan (déjà à l'oeuvre sur le catastrophique Guardians), qui se contente de nous exposer les personnages d'une façon encore plus forcée et attendue qu'un Suicide Squad : littéralement amenés un à un, il y a la maladroite tentative d'essayer de changer leur statut quo, de nous révéler des choses sur leur passé et de mener à une intrigue à twist, dont on n'aura strictement rien à faire du fait de la platitude du tout.
Un twist qui nous révèle à la fois qui joue les mafieux et nous amène une sorte de théorie du complot complètement ridicule, avec un rapprochement de plusieurs personnages qui s'étaient connus auparavant, à la Saw. Si cela manque d'épaisseur, d'impact sur le spectateur, c'est donc à cause du traitement de l'image, beaucoup trop plat pour qu'on ressente la moindre chose, et de cette bande-son tout juste inexistante, tellement faîte sans budget ni recherche qu'on croirait voir la version Asylum de Cube.
Bon dieu que c'est laid. Bleutée, pleine de couleurs pétantes et sans aucune idée du cadrage, cette réalisation au rabais filme si platement ses acteurs qu'elle ne donne à la fois aucun relief à leur histoire, à leurs dialogues (d'une bêtise sans fond), à leurs actions ainsi qu'à l'avancée de l'intrigue, se contentant de montrer plutôt que de les faire vivre par la mise en image. Il n'y a rien d'excitant dans Survival, rien de trépidant, tant il semble terne, tant il est morne et sans énergie, visuellement plat et sans peps.
Outre cela, c'est forcément très mal joué; vu le talent de direction du cinéaste, il fallait s'y attendre. Pourtant impliqués, ils manquent certainement de notions de jeu d'acteurs, notamment de nuancer leur interprétation; quand ils faut en faire ils n'en font pas assez, et quand il faut se calmer, presque cacher son jeu, c'est qu'ils surjouent à s'en faire péter la carotide.
Je ne pourrai donc vous conseiller Mafia : The Game of Survival. Laid, mal écrit, mal joué, long et bordélique, il partait pourtant sur une idée originale et entraînante pour au final nous pondre un mauvais film de divertissement russe de plus, qui dans sa recherche de spectaculaire à l'américaine se perd dans sa représentation des morts, toujours plus excessives et toujours moins logiques. Dommage, le concept promettait un sacré délire, dans lequel Sarik n'a pas su plonger.