La première surprise c’est d’entendre Colette, incarnée par l’actrice anglaise Keira Christina Knightley, rôle au demeurant qui lui va très bien et qu’elle incarne avec justesse, s’exprimer dans la langue de Shakespeare, dans une ambiance très British.
Mais on ne peut pas non plus reprocher à un réalisateur britannique d’avoir réalisé un film sur l’une des plus grandes dames de la littérature française ! bien au contraire ; qu'il en soit remercié.
Paul Westmoreland nous raconte donc, assez fidèlement, l’histoire rocambolesque des trente premières années d’une jeune paysanne bourguignonne qui a du talent, mais qui ne le sait pas encore ; elle va se trouver embarquée dans une vie romanesque, au coeur du tumulte des salons parisiens, séduite et tenue en laisse par un machiste peu scrupuleux et opportuniste, devenu son mari : Henry Gauthier-Villars, surnommé Willy, de quatre ans son aîné ; il va l'extraire de son cocon campagnard, devenant à la fois son mentor et son exploiteur, en la révélant à elle-même pour son propre profit, tout en faisant d’elle son nègre, sans hésiter à signer de son nom Willy les premiers romans de son épouse : ‘Claudine à l’école, Claudine à Paris, etc ..’
Mais c’est en fin de compte à ses dépends, à lui WILLY, qu’elle va devenir la femme moderne qui sommeille au fond d’elle-même, laissant s’épanouir tout le talent d’écrivaine qui révèle son caractère libre et rebelle, espiègle et sensuel, affichant sans complexe et en public sa bisexualité ; son baiser sur scène avec la marquise de Belbeuf va causer un énorme scandale.
Elle va en fin de compte finir par briser ses chaînes, mettant fin à la complicité malsaine qu'elle entretient avec Willy, alors qu’ils s’accordent l’un et l’autre une grande liberté d’écarts extra-conjugaux ; elle va rompre avec ce mari imposteur, pour le plus grand soulagement des spectateurs qui n’en peuvent plus de la voir esclave de ce machiste.
On peut regretter toutefois que ce film soit un peu trop académique, un peu trop lisse, un peu trop lent parfois, manquant d’audace et de piquant face au sulfureux personnage que fut Colette.
Côté décors et costumes qui nous ramènent à la Belle-époque dans un Paris insouciant ou l’on se divertit beaucoup dans les salons à la mode, alors que la tour Eiffel a fait son apparition dès 1889, c’est parfaitement réussi.
Un film très divertissant et instructif tout à la fois qui marque le début du féminisme, mouvement qui va contribuer à la libération de la femme, pour notre plus grande joie. J'ai beaucoup aimé ce film.