Après trois premiers films plutôt efficaces ("Easy Money", "Sécurité Rapprochée" et "Enfant 44"), Daniel Espinosa revient aujourd'hui pour nous proposer un film d’horreur dans l’espace, sur lequel plane malheureusement l’ombre d’ "Alien : Covenant" de Ridley Scott qui est censé sortir d'ici peu. Voilà pourquoi "Life" débarque aujourd'hui sans faire trop de bruit malgré son casting assez classieux (notamment Ryan Reynolds et Jake Gyllenhaal, véritables têtes d’affiche, aujourd’hui considérés comme des valeurs sûres au box-office) ; cependant ce serait commettre une erreur de croire que la nouvelle bobine d'Espinosa ne soit qu'un vulgaire ersatz du film culte de Scott. Comment définir "Life" alors ? Simplement finalement : un récit connu à la "Alien" donc, avec une réalisation léché et claire à la "Gravity", le tout baignant dans le ton nihiliste de "The Thing" de Carpenter. Le film débute sur une jolie scène en plan-séquence que Cuarón, le réal de "Gravity", adouberait sans l'ombre d'un doute : on visite une station spatiale à taille humaine, en nous présentant les divers protagonistes en soulignant leurs allers et venues en apesanteur. La caméra semble être elle-même à l'intérieur de la station, ce qui fait qu'elle ne colle pas spécialement aux personnages : la réalisation nous donne alors de l'action en hors champ, ce qui conduit à une forte impression d’assister à un ballet de travailleurs de l’espace qui pourrait faire office de reportage ultra réaliste. Après ce début captivant et prometteur commence alors un huis clos qui, bien que très convenu, demeure assez énergique. Pourquoi convenu ? Soyons franc : comme je l'ai déjà invoqué au début, dès qu'on est en train de parler de créature extraterrestre dangereuse qui sévit dans un vaisseau, il est impossible de ne pas penser à "Alien"...mais cela ne signifie pas que "Life" ne tire pas son épingle du jeu et soit ennuyeux, bien au contraire : Espinosa fait tout pour instaurer une réelle tension et la maintenir, nous gratifiant de séquences plutôt bien réussies comme le passage de la vision subjective de la créature, l'impressionnante scène de noyade spatiale ou une tentative de fuite angoissante en apesanteur (fuir une bestiole véloce avec une si grosse contrainte de mouvement, c'est extrêmement compliqué...et certains connaisseurs auront vite repéré le petit clin d'œil à la terrifiante scène aquatique de "Alien Resurrection" !). En outre, le petit « Calvin » possède un don d'adaptation vis-à-vis de son environnement quasi absolu qui rajoute de la tension (d'ailleurs, à ce sujet, le film a tout de même été pensé avant tout pour le public US dans la mesure où la punition divine s’abat inévitablement sur les scientifiques qui ont osé se prendre pour Dieu et qui finissent par le payer très cher !) Par contre, une des belles surprises du film concerne son ton très nihiliste : au fur et à mesure, les protagonistes ne peuvent qu'accepter leur sort et se tourner vers le choix du sacrifice. Voyant qu'il est vain de chercher à tout prix à survivre et à venir à bout de la créature, ils auront vite fait de comprendre qu’il n’y a pour eux plus d’espoir. Une vision sombre et très pessimiste du récit qui atteindra son apothéose lors de son inattendu et remarquable final (je vous avez bien dit qu'il y avait du "The Thing" dans l'air !). Toutes ces bonnes idées font passer les quelques petites incohérences qui apparaissent de temps en temps (
Ryan Reynolds qui, en bon scientifique intelligent, viole toutes les règles et procédures de quarantaine pour aider son collègue ; ou encore cette idée saugrenue d’électrocuter la créature qu’un pépin technique vient juste manquer de la tuer !!
). Malgré des ficelles scénaristiques connues depuis trente ans, "Life" s'en sort honorablement, notamment grâce à une approche plus science que fiction (on pourrait dire qu'il s'agit de "Alien" avec un parti-pris « réaliste ». Avec son casting sûr (Rebecca Ferguson et Jake Gyllenhaal convaincants et attachants) et quelques scènes visuellement impressionnantes, le nouveau film de Daniel Espinosa demeure un bon divertissement qui se permet même de bousculer de manière agréable les codes du genre par le biais de son excellente conclusion.