Commençons tout d'abord par le titre... Je crois qu'il faudrait vraiment perdre cette vilaine habitude que nous avons en France de modifier les titres ou de les traduire de façon très approximative. Car autant "Life" est un titre intelligent parce qu'il est libre d'interprétation et offre au spectateur divers degrés de lecture, autant "Life : Origine inconnue" dispense le spectateur d'une réflexion plus vaste concernant l'apparition de la vie, son processus, ses diverses formes et même les questions métaphysiques qui lui sont nécessairement associées.
Il est dommage de limiter le sens de ce film au seul alien qu'il comporte. Bref passons au film...
Puisqu'on parle d'alien, comment ne pas mentionner le chef-d'oeuvre inégalé de Ridley Scott paru en 1979 et référence absolue en matière de thriller spatial ? Life en est un ersatz assumé et il en respecte à peu près tous les codes. Un équipage confiné dans un espace restreint et inextricable, confronté à un xénomorphe particulièrement agressif et redoutablement intelligent. La recette même de la claustrophobie. The Thing de Carpenter fonctionne exactement selon le même principe, par exemple. Isolement, créature hostile, contamination et tentative de survie.
Ainsi Life ne pouvait être totalement mauvais. Réalisation honnête parce que très inspirée par Gravity (sans la magnificence visuelle, cependant), casting cohérent, créature plutôt réussie car non caricaturale et B.O acceptable.
Mais ce n'est pas un grand film, loin s'en faut.
Je vais nécessairement revenir à Alien, mètre étalon du genre pour illustrer mon propos, car la grande force du film de Ridley Scott résidait déjà dans son caractère novateur. Pour parler prosaïquement, on n'avait "jamais vu ça" ! Et ça fait toute la différence... Car bien que Life tienne à peu près la route, il est très convenu et ne réserve aucune surprise, ce qui pose quand même problème pour un film à suspense.
D'autre part, Alien proposait un univers visuel incroyable, fruit d'une collaboration géniale entre Giger et Moebius, l'un s'attelant à l'élaboration d'un univers extra-terrestre et d'une créature parfaitement anxiogènes, et l'autre à l'environnement futuriste mais déjà obsolète des spationautes. Autant dire qu'en terme d'immersion on n'a pas fait mieux depuis.
S'il fallait comparer les deux castings, inutile de dire que, là encore, Life ne tient pas la comparaison. Mais cela tient davantage à l'élaboration des personnages et à leur profondeur de champ. Ici, ils sont parfaitement lisses et insipides, quand dans Alien on leur devine un vécu, une histoire, subtilement instillés. Ce qui nous les rends attachants, ce qui nous fait donc souffrir avec eux.
Et puis il n'y a bien évidemment pas de Ripley. Personnage emblématique et charismatique s'il en est.
Je terminerai par une brève analyse de la réalisation. Life est plutôt réussi en la matière. Fluidité, rythme soutenu, effets spéciaux savamment utilisés...
Mais là encore, quelle pâleur si l'on se rappelle la qualité stylistique d'Alien. Scott ne disposait pas des images de synthèse et il lui a donc fallu être beaucoup plus imaginatif et créatif. Et c'est probablement là que réside sa plus grande réussite, car à l'exception de la scène du chestburster, le film n'a pas pris une ride. La grande force d'Alien vient aussi probablement du fait que son réalisateur n'avait pas les moyens de montrer une créature très convaincante et qu'il lui a fallu ruser pour qu'on ne fasse que la deviner durant l'essentiel de son film, notamment grâce à une photographie très sombre, optimisant l'angoisse.
Car ne l'oublions pas, ce qui fait le plus peur, c'est bien souvent ce que l'on ne voit pas.
En conclusion, je dirais que Life propose un bon divertissement si l'on n'a pas vu le chef-d'oeuvre dont il s'inspire. Voilà pourquoi je lui attribue la note de 2,5.