Responsable des ressources humaines, Emilie Tesson-Hansen, interprétée par la brillante Céline Sallette, subit dans son entreprise le suicide d'un employé. Elle fait alors face à l'inspection du travail, qui ouvre une enquête sur le décès, ainsi qu'à sa hiérarchie.
"Corporate", c'est donc déjà l'histoire d'un homme qui, poussé à bout par la société qui l'embauche, décide de mettre fin à ses jours. Un sujet (malheureusement) d'actualité, source de réflexion, notamment à propos de certaines méthodes de management absolument vicieuses. Sans chercher à faire dans le beau d'un point de vue esthétique, le réalisateur Nicolas Silhol montre en tout cas le quotidien dénué de sentiment que peut connaître le monde de l'entreprise et apporte une vraie valeur informative.
Le personnage principal reste néanmoins cette Emilie Tesson-Hansen, jeune femme d'ambition, manipulatrice et d'avenir qui se retrouve au cœur de ce drame. Tandis qu'elle voit ses soutiens s'amenuiser, elle doit par conséquent sauver sa peau, sa responsabilité y étant engagée. C'est, là, un élément important puisque, d'un côté, elle a toujours été actrice des méthodes de management évoquées auparavant, de l'autre, elle en devient victime, confrontée à son supérieur, joué par un Lambert Wilson d'une froideur glaçante. Considérée comme dévouée dès son embauche, son corporatisme est particulièrement mis à mal, pour son plus grand malaise. Et c'est une autre facette très intéressante développée ici.
S'il est dommage que le rythme retombe parfois, on apprécie le réalisme avec lequel le sujet est traité durant une heure et demie, avec un suspense croissant. Les nuances apportées à plusieurs protagonistes captivent par ailleurs et incitent à se poser la question de l'individu derrière le ou la salarié(e).