Nous avions déjà eu droit à un bon film sur les mensonges à l’origine de la guerre en Irak. En 2010, dans « Fair Game », Sean Penn jouait le rôle de Joe Wilson. Dans un éditorial au New York Times, ce diplomate avait nié l’existence d’armes de destruction massive dans ce pays du Moyen-Orient. Son opinion était fondée sur une enquête de sa propre femme, Valerie Plame, une agente de la CIA. Peu après, la véritable identité de l’espionne était révélée, une vengeance du gouvernement américain qui réduisait sa couverture à néant tout en mettant en danger de mort ses contacts à l’étranger.
« Official secrets » nous ramène à la même époque. Mais nous sommes cette fois en Grande-Bretagne, où Tony Blair se débat comme un diable dans l’eau bénite pour appuyer la guerre des États-Unis contre Saddam Hussein. Katharine Gun, employée des renseignements britanniques, est ulcérée par les mensonges de son premier ministre, qui lui aussi évoque des armes de destruction massive qu’on ne trouvera jamais, malgré des années de recherches intensives.
Lorsque Gun tombe sur une note dans laquelle les Américains sollicitent l'aide des Britanniques pour rassembler des informations compromettantes sur certains membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dans le but de les obliger à voter en faveur de l’invasion, elle décide de divulguer ce mémo à la presse. Son but : empêcher la guerre. Mais cette femme intègre, idéaliste et naïve va vite découvrir qu’elle pourrait être poursuivie pour trahison et que son mari, un Kurde musulman, pourrait être expulsé du pays.
C’est cette histoire que « Official secrets » raconte. La réalisation est classique. Mais le récit, passionnant de bout en bout, est bien raconté. On s’identifie vite à cette jeune femme, magnifiquement interprétée par Keira Knightley, qui a depuis longtemps dépassé les rôles de belle de service. Elle s’affirme de plus en plus comme une grande actrice.
L’intrigue est à fois politique, journalistique, policière et judiciaire, ce qui est loin d’être banal. Moi qui ai été journaliste pendant 45 ans, j’ai trouvé les scènes tournées dans un journal tout à fait convaincantes. Je suppose que le reste est également réaliste.
Ce thriller de Kavin Hood est d’autant plus captivant qu’il arrive sur les écrans à un moment où le gouvernement américain nous abreuve à nouveau de mensonges pour justifier une éventuelle guerre. Cette fois, c’est l’Iran plutôt que l’Irak qui est dans la ligne de mire des Amerloques. Dans un cas comme dans l’autre, la vérité est malmenée. S’en va-t-on vers un nouveau conflit ?
La guerre en Irak, elle, a engendré entre 250 000 un million de morts, sans compter un nombre incalculable de blessés. C’est ce qu’on nous rappelle à la fin de « Official secrets ». Et le pays n’est toujours pas pacifié.