Pandemic est un cas d'école, l'exemple parfait de la bonne idée que l'on exploite n'importe comment. S'inspirant clairement de la vue POV de l'excellent Harcore Henry, le film mélange FPS cinématographique et cinéma de zombies. On l'attendait bourrin, pétaradant, mais on espérant qu'il ne soit pas autant stupide, convenu, sans intérêt.
Dès le départ, on se rend vite compte que la mise en scène est un infâme bordel : elle enchaîne les plans en vue première personne de manière brouillone et hachée, rendant le tout illisible dès qu'un moindre mouvement de caméra se produit, et ce en plus du fait d'ajouter des angles de caméra extérieurs aux caméras go pro des personnages, histoire de rendre l'action encore plus détaillée. Toute logique cinématographique est ainsi brisée, et l'immersion perd de son sens.
Pour tout arranger, le montage est immonde et ne donne aucune logique à l'enchaînement des plans, affirmant l'idée de brouillon qui règne tout du long. De fait, les scènes s'enchaîneront pour la plupart de manière décousue, reliée par un fil scénaristique d'une étrange linéarité. On s'ennuie devant Pandemic, tout autant qu'on s'ennuierait devant n'importe quel autre mauvais film du genre.
C'est ainsi qu'on comprendra très rapidement que chaque scène ne sera justifiée que pour remplir un certain cahier des charges moribonds, symptomatique du mal qui ronge le cinéma de genre de faible budget; affreusement codifiée, l'intrigue se déroule sans qu'on y porte plus d'un regard, sans qu'elle ne laisse jamais transparaître un semblant d'originalité.
Il y aura pourtant des moments de tension qui auraient pu être efficaces si la débâcle du jeu des acteurs n'avait pas tout foutu en l'air. Ils feront preuve d'une impressionnante homogénéité dans le mauvais, et du début à la fin, n'en auront soit rien à faire, soit se livreront à un étrange surjeu froid, désincarné. C'est exagéré sans y mettre du coeur, joué sans une once de talent : ils en font trop sans en avoir quelque chose à faire, nous offrant un résultat complexe rarement vu ailleurs.
Dès les passages d'émotions/drama/victimisation des personnages principaux pour qu'on s'y attache, par ailleurs déjà aperçus dans tous les autres films du genre, eh bien dès ce moment ci, les acteurs joueront tellement mal que l'émotion désirée à la base se change soit en ronflements profonds, soit en rires nerveux. C'est interprété avec autant de conviction que le Batman de George Clooney.
Les maquillages n'aideront vraisemblablement pas le film a sortir la tête de cette marade inextirpable : d'un ridicule affirmé, voilà qu'on aperçoit de nombreux infectés n'arborant que quelques gouttes de sang sur la visage, sans qu'aucun autre effort de grimage n'est été mis en oeuvre.
La prestation de l'héroïne ne viendra pas me contredire sur le fait que c'est un mauvais film, insupportable personnage qui nous amènera vers une fin catastrophique, bâclée, inutile, stupide. C'est aussi de cette manière que l'on pourrait qualifier ce Pandemic, drôle de mauvais film qui trouve rapidement ses limites dans un rythme linéaire approfondi par une terrible absence de talent.
Ps : A ma grande surprise, Alfie Allen (Theon Geyjoy) joue le rôle d'un gars qu'on n'aime pas.