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Olivier Barlet
299 abonnés
396 critiques
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3,5
Publiée le 9 février 2016
(...) Chimène tourne autour de trois hommes et cela fera l'objet d'un film qui est moins porté par son récit ou sa mise en scène que par ce qui réjouit toujours chez Jean Odoutan : des dialogues très écrits mais aussi impertinents que ravageurs. L'ironie est permanente et si Odoutan fait mouche, c'est qu'il tranche avec la frilosité des comédies sentimentales actuelles. (...) Son cinéma jusqu'au-boutiste a la fraîcheur de ce grain de folie et c'est pour ça qu'il met du baume au cœur.
Pim-Pim Tché est un film béninois, mais qui ne raconte pas forcément une histoire béninoise, mais internationale. Alors bien sur, il y a quelques coutumes et modes de fonctionnement du pays, mais qui ne sont pas réellement mis en avant. Pim Pim est une femme, qui a besoin d'argent et qui se sert astucieusement de ses charmes et de son pouvoir sur les hommes pour l'obtenir. C'est raconté, avec humour et c'est une garce rendue sympathique, parce que finalement les hommes qui cèdent à ses charmes, le sont moins qu'elle. C'est drôle et en même temps dramatique. Les acteurs aussi inconnus soient-ils sont bons, puisque les émotions circulent bien entre eux et le public. Après la séance au cinéma Les Templiers nous avons eu la chance de rencontrer le réalisateur, Jean Odoutan, qui lui, nous parle réellement du Bénin, de son histoire, de son actualité, de ses coutumes et de son futur. Personnellement, j'ai trouvé dommage qu'il ne nous fasse pas un vrai film historique sur son pays, parce qu'il en parle tellement bien, que je pense que cela fonctionnerais. Après, écrire un scénario avec l'envahisseur portugais, l'esclavage, l'arrivée des français et les traces qu'on laissé les esclaves Béninois à travers le monde, comme le vaudou, je pense que ça ne serait pas juste bien, mais carrément passionnant. En tout cas, ça l'était, lorsqu'il en parlait.
Chimène, une jolie gamine utilise ses charmes pour, d'abord, essayer de passer enfin en quatrième puis pour s'établir de la façon la plus confortable possible. Ce personnage attire la sympathie, elle est adorable, amusante, ambitieuse ; elle croque la vie à pleine dent. Pour autant, c'est clairement une ''sale garce'' (Pim pim tché signifie ''ma sale garce'') qui entend profiter -avec parfois beaucoup d'inventivité- des garçons et de leur argent plus encore qu'ils ne profitent de son corps. Pour autant, les images que Jean Odoutan nous donne de Chimène sont toutes positives ; pas un regard ou une attitude qui révélerait un côté sombre ou même calculateur. La voit-il réellement comme une salle garce ou comme une fille trop jolie, contrainte de se défendre ? Il est vrai que la gent masculine n'est pas présentée à son avantage, à la seule exception de Courage, incarné par Jean Odoutan. Assez militant (le personnage semble largement autobiographique), il a beaucoup d'affection pour Chimène mais reste prudemment sur ses gardes... Le spectateur pourra être surpris par certains dialogues : quand les deux personnages principaux évoquent leurs ambitions respectives (parvenir à une ''belle vie'' pour Chimène, faire connaître le cinéma et lutter contre le SIDA pour Courage) ils utilisent une langue très imagée, parfois poétique, un peu en rupture avec le ton plus réaliste du reste du film. Mis à part des imperfections de montage vers la fin, quand la bonne fortune de Chimène fait notamment un saut un peu étonnant, le rythme du film est plaisant. Il a été tourné à Ouidah, au Bénin, haut lieu du vaudou et plage d'embarquement des esclaves. Notamment, Jean Odoutan nous emmène plus d'une fois à la ''porte du non-retour'' dont il utilise assez bien la charge symbolique.
PS. Nous avons eu la chance d'assister à une séance ''en présence de l'auteur''. Jean Odoutan est très sympathique, plein de convictions et d'entrain mais ne se prend pas trop au sérieux. Nous avons eu avec lui des échanges riches et intéressants que nous espérons pouvoir poursuivre au festival 'Visions d'Afrique'' à Oléron en octobre prochain, où il sera l'un des metteurs en scène invités. Rendez-vous là-bas !
L'actrice Aicha Ouattara tient le film de bout en bout et nous fait penser aux grandes actrices diaboliques , Sharon Stone dans "Basic Instinct" ou Glenn Close dans "Liaison fatale". le scénario est très bien vu et l'humour ajouté en pointillé est rafraichissant. Jean Odoutan est un cinéaste très prometteur qui prend soin des cadres et qui nous délivre un propos très fin sur la manipulation et les rapports entre les hommes et les femmes au Bénin. bravo!