Marie Gequil est une frêle sexagénaire, prof pour classes préparant au bac technologique d'un lycée lambda, dans une banlieue type "9-3". Sans enfant, proche de la retraite, elle a une vie modeste, morose, avec son mari Pierre, homme au foyer. Elle aime son métier, mais le défend mal, car effacée , sans charisme, ni autorité sur ses élèves peu motivés et chahuteurs. Un soir d'orage, sa vie bascule... Serge Bozon et sa compagne Axelle Roppert (le cinéaste a coutume de scénariser à deux voix) s'approprient Stevenson (en pointillés), et son "étrange cas"
(le dédoublement de personnalité est ici figuré par une affaire de combustion spontanée..)
. La science comme enjeu n'est pas la médecine à l'imitation du roman, mais la physique - presque la "physique amusante", celle de la vulgarisation pour lycéens très loin au naturel de toute curiosité intellectuelle. Le ton déroute - on n'est pas loin de l'expérimental cinématographique, voire de l'abscons. Ce "Madame Hyde" est intéressant, voire séduisant, cependant. La photo (par la soeur du metteur en scène - décidément, on travaille en famille chez les Bozon), le rythme, la psychologie des trois personnages principaux (Huppert, à son meilleur en
"foudroyée
", Romain Duris en proviseur "hype" dénotant et détonant, et José Garcia en gardien du foyer, tous deux excellents) : voilà de vrais atouts. On regrettera la théâtralisation de la "classe" (des amateurs trop.. amateurs...), et la fin du propos, brouillonne (avec une impression de choses non exploitées, et qu'il faut évoquer - maladroitement , et à la hâte - dans les dernières minutes). SB : des idées et du ton, mais.... toujours pas de résultat tenant suffisamment les promesses d'un propos original.