Excellent film, bien plus complexe qu'il en a l'air. Bozon utilise ici la dérision et une sorte d’absurdité grotesque pour construire une réflexion intelligente autour de ce personnage, madame Hyde.
Bozon porte ici à l'écran une réflexion sur l'école, réelle et profonde, qui dépasse les constats comme a pu le faire Cantet ou bien d'autres. Mais, à mon sens, là n'est pas le propos principal du film. C'est plutôt celui de cette enseignante de physique, érudit, qui cherche à se faire aimer, ou plutôt qui se cherche. Trop enclin à un extérieur qui l’oppresse, elle se réfugie dans son labo, seul endroit où elle peut se libérer. Par la création de 2 univers visuels différents (chez elle, et au lycée), la chef opératrice signifie deux vies différentes. Et cela est bel et bien visible. Une pénombre tantôt ultra maîtrisée, tantôt assez maladroite, presque en nuit américaine. La démarche est intéressante, mais il semble qu'il y ait des maladresses encore visibles à l'écran.
Bozon travaille énormement le rythme ici, où il va alterner entre séquences se déroulant en classe et séquences presque mystique, où madame Jequil va rayonner d'une lueur presque nucléaire. Ainsi, créant des changements spatio-temporels, notamment dans la manière de découper les plans au sein de chaque séquence, Bozon va nous permettre de réfléchir. le silence nous y astreint, mais cela de manière plutôt agréable (malgré les soupirements qui se faisaient entendre dans la salle de cinéma).
Enfin, le jeux des acteurs est assez bon, en particulier celui de Isabelle Huppert qui fait, plus que jamais, preuve d'une subtilité incroyable, entre dédain et empathie inextériorisable.
Très bon film, allez-y ! Quiconque veut rire tout en réfléchissant, c'est le moment :)