Normalienne et agrégée de lettres, Sonia Kronlund a eu pendant 10 ans une première vie dans le cinéma, avec, en particulier, l’écriture de scénarios et la réalisation de documentaires. En 1995, elle a bifurqué vers la radio et elle anime depuis 2002, sur France Culture, l’émission « Les pieds sur terre ». Depuis une quinzaine d’années, elle montre beaucoup d’intérêt pour l’Iran et l’Afghanistan, deux pays dans lesquels elle a beaucoup voyagé. C’est au cours d’un de ces voyages qu’elle a entendu parler de Salim Shaheen. Cet homme étant un homme d’images, elle a trouvé plus judicieux de parler de lui sous la forme d’un film plutôt que sous celle d’un reportage pour la radio. "Nothingwood" faisait partie de la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes.
En Afghanistan, affirme le réalisateur Salim Shaheen, il n’y a pas d’argent pour le cinéma, c’est "Nothingwood" ! Ce manque d’argent n’a pas empêché Salim Shaheen de réaliser plus de 100 films. Il faut dire que ce sont des œuvre « low-cost », tournées à l’arrache, en moyenne en 4 jours, des films dans lesquels le réalisateur joue lui-même ainsi que des membres de sa famille et des comédiens amateurs dont certains vont même jusqu’à payer pour apparaître à l’écran. "Nothingwood" permet, entre autre, d’assister au tournage d’un de ces films et il est vrai que cela ne donne guère envie de se précipiter dans une salle pour visionner le résultat final : à côté, les derniers films tournés par Jean-Pierre Mocky font figure de chefs d’œuvre du cinématographe ! Il n’empêche : quand bien même IMDB ignore complètement le réalisateur Salim Shahhen, ses films trouvent régulièrement leur place dans l’un ou l’autre des 4 cinémas de Kaboul actuellement opérationnels, ils sont vendus en DVD et diffusés sur les très nombreuses chaînes de télévision afghanes.
Même s’il est plus que probable qu’on ne verra jamais de notre vie un film de Salim Shaheen, on peut s’intéresser à celui qui lui est consacré d’autant plus que la réalisatrice ne se contente pas de dialoguer avec lui et de nous le montrer à l’œuvre sur un lieu de tournage : elle en profite aussi pour nous apprendre pas mal de choses sur l’Afghanistan comme, par exemple, les rapports que certains talibans entretiennent avec le cinéma.