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    Nothingwood
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    Bernard D.
    Bernard D.

    111 abonnés 613 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 juin 2017
    « Nothingwood » est le second film de Sonia Kronlund qui est avant tout une journaliste de radio spécialiste de l’Iran et de l’Afghanistan. C’est un documentaire de 1 h 25 sur un grand inconnu pour nous : Salim Shaheen, acteur et metteur en scène avec pas moins de 109 films à son actif … mais qui est une « star » en Afghanistan. Petit, il allait au cinéma en cachette et se faisait battre par son père et ses frères … mais, il a réussi à s’imposer et ses petits films à l’eau de rose pourtant interdits par les Talibans, s’échangeaient de portable en portable ou sous forme de DVD vendus même par certains Talibans, et sont largement diffusés par les chaines télévisées !
    C’est le portrait d’un metteur en scène très charismatique, bon vivant, grand parleur (alors qu’apparemment il ne sait pas bien lire ni écrire comme le dit son fidèle scénariste), euphorique parfois à l’excès et avec des mouvements d’humeur (« il faut parfois se mettre colère, pour le film avance »). Il tourne ses films avec les moyens du bord en quelques jours avec de fidèles acteurs typés : un nain, un spécialiste de rôles efféminés qui durant l’époque des Talibans a animé à la télévision une série « La cousine » où masqué par une burka il parlait du sort des femmes (?), un jeune acteur qui n’aime pas le cinéma mais veut devenir acteur pour être connu et bénéficier d’avantages … et souvent un de ses 6 fils.
    Sonia Kronlund le suit alors qu’il est en train de tourner pas moins de 4 films en même temps et l’accompagne à Bâmiyân, site classé par l’Unesco où les 3 Bouddha géants ont été détruit par les Talibans en 2001. Ce voyage à risque et sous escorte d’un membre de la sécurité, se fait sans aucune crainte de Salim car « ce qui doit arriver, arrivera » selon le fatalisme propre à l’Islam. De la vie personnelle de Salim, on n’apprend rien sauf qu’il vit dans un immeuble de 3 étages : le premier pour sa première femme qu’il a dû épouser de force sans la connaitre (et lui a fait « 8 enfants parce que c’est ainsi que cela doit être »), le second pour sa seconde épouse choisie et le troisième étage pour lui. La caméra ne montre que ses 6 fils, ses 2 épouses et ses 6 filles étant parait-il absentes lors du tournage !
    Outre le fait que ce film-documentaire est une ode au cinéma, il montre – si besoin en était - l’impact qu’exerce cet art sur la population même dans un pays en guerre depuis 30 ans, et il nous fait découvrir le quotidien de la vie actuelle en Afghanistan et on comprend que nombre de ses jeunes optent pour l’émigration.
    velocio
    velocio

    1 303 abonnés 3 135 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 10 juin 2017
    Normalienne et agrégée de lettres, Sonia Kronlund a eu pendant 10 ans une première vie dans le cinéma, avec, en particulier, l’écriture de scénarios et la réalisation de documentaires. En 1995, elle a bifurqué vers la radio et elle anime depuis 2002, sur France Culture, l’émission « Les pieds sur terre ». Depuis une quinzaine d’années, elle montre beaucoup d’intérêt pour l’Iran et l’Afghanistan, deux pays dans lesquels elle a beaucoup voyagé. C’est au cours d’un de ces voyages qu’elle a entendu parler de Salim Shaheen. Cet homme étant un homme d’images, elle a trouvé plus judicieux de parler de lui sous la forme d’un film plutôt que sous celle d’un reportage pour la radio. "Nothingwood" faisait partie de la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes.

    En Afghanistan, affirme le réalisateur Salim Shaheen, il n’y a pas d’argent pour le cinéma, c’est "Nothingwood" ! Ce manque d’argent n’a pas empêché Salim Shaheen de réaliser plus de 100 films. Il faut dire que ce sont des œuvre « low-cost », tournées à l’arrache, en moyenne en 4 jours, des films dans lesquels le réalisateur joue lui-même ainsi que des membres de sa famille et des comédiens amateurs dont certains vont même jusqu’à payer pour apparaître à l’écran. "Nothingwood" permet, entre autre, d’assister au tournage d’un de ces films et il est vrai que cela ne donne guère envie de se précipiter dans une salle pour visionner le résultat final : à côté, les derniers films tournés par Jean-Pierre Mocky font figure de chefs d’œuvre du cinématographe ! Il n’empêche : quand bien même IMDB ignore complètement le réalisateur Salim Shahhen, ses films trouvent régulièrement leur place dans l’un ou l’autre des 4 cinémas de Kaboul actuellement opérationnels, ils sont vendus en DVD et diffusés sur les très nombreuses chaînes de télévision afghanes.

    Même s’il est plus que probable qu’on ne verra jamais de notre vie un film de Salim Shaheen, on peut s’intéresser à celui qui lui est consacré d’autant plus que la réalisatrice ne se contente pas de dialoguer avec lui et de nous le montrer à l’œuvre sur un lieu de tournage : elle en profite aussi pour nous apprendre pas mal de choses sur l’Afghanistan comme, par exemple, les rapports que certains talibans entretiennent avec le cinéma.
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