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Celestia T.
1 abonné
48 critiques
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3,5
Publiée le 20 juin 2017
Enfant, j'avais presque cru à la sortie du film Borat qu'il s'agissait d'un vrai documentaire sur l'absurdité de l'écart politico-culturel entre l'Occident et le Moyen-Orient reculé. Adulte, je réalise à quel point être réalisateur en Afghanistan, c'est vivre dans la violence du présent, en songeant au passé pré-guerre froide comme à une époque définitivement révolue. Le fossé est immense entre le cinéma occidental et le cinéma nanardesque de Salim Shaheen, mû par son art, pétillant de vie dans un pays où frôler la mort fait partie du quotidien. Sonia Kronlund filme un film en train de se tourner, elle filme la réalité qui devient fiction à travers le prisme de la caméra, alors que le scénario même du film peut basculer dans la réalité de la guerre si une mine ou une bombe faisaient irruption. Filmons, filmons sinon nous sommes perdus ! Tel est le leitmotiv de ce réalisateur drôlatique et fascinant, Salim Shaheen, avec ses huit enfants et ses deux femmes, lucide mais rêveur, un artiste au milieu d'un no man's land. La guerre, la place de l'art, la condition des femmes, l'islamisme et l'ignorance, des thèmes d'une gravité réelle abordés avec tact dans ce drôle de Nothingwood, pas Hollywood car dépourvu de moyens, avec un soupçon de Bollywood et ses films festifs, et un peu beaucoup du reporter envoyé spécial dans ce pays qui n'est pas propice aux scènes de cinéma mais s'avère une véritable scène de théâtre d'une guerre qui ne dit pas son nom.