Histoire centrée sur le parcours d'une trentenaire accusant le coup et essayant par tous les moyens de redresser la tête, "Jeune Femme" est un petit coup de pied dans la fourmilière souvent trop pantouflarde du cinéma français. Trop souvent enfermé dans des carcans sentimentaux à deux balles où, malgré des personnages parfois croustillants, la route vers la rédemption semble toute tracée, les films français pseudo-comique, pseudo-sérieux et se concentrant sur la tranche de vie d'un personnage (dis comme ça, on dirait pas mais Dieu sait qu'ils sont nombreux) tournent généralement à vide.
Beaucoup plus spontané et quasi-instinctif, "Jeune Femme" est un de ces films où l'on s'identifie assez rapidement au personnage principal tant le parcours de Paula, qui rompt, au début du film, avec une relation d'une dizaine d'années, semble sincère et dénué d'illusions. L'évolution de la jeune femme en question bénéficie d'une écriture maîtrisé de bout en bout et nous offre une belle évolution. D'une personne hystérique et antipathique au début du film, Paula acquiert, au fil des rencontres et des expériences diverses, une maturité et une sagesse qui lui permettra, non pas de changer sa vie, mais d'en prendre au moins les rênes. L'interprétation de Laetitia Dosch, aussi horripilante qu'attachante mais profondément humaine, vient soutenir cet aspect central du film si bien qu'on s'intéresse vraiment à ce personnage et à ce qui l'attend à chaque coin de rue.
Alors oui, le point de vue change juste pour au final nous raconter un moment de vie comme on en a déjà vu des tas de fois mais la manière de l'aborder, fondamentale, achève de faire de "Jeune Femme" la petite perle du cinoche français de cette fin d'année. Qui plus est que la réalisation, énergique et audacieuse, s'intéressant plus aux personnages qu'à leur environnement, achève de rendre le film très prenant.