Dans un des dialogues de ce premier long-métrage de Léonor Serraille, Paris est décrite comme « une ville qui n’aime pas les gens ». En vérité, fort heureusement, le film apporte de la nuance à cette allégation : si l’on y perçoit des abimes de solitude, on y décèle aussi des regards qui se croisent, des dialogues qui se nouent, des rencontres possibles. Le personnage de Paula (Laetitia Dosch), personnage pivot d’un film qui, pour ainsi dire, ne le quitte jamais du regard, se heurte à la solitude certes, mais fait aussi des rencontres (dont certaines ne sont pas sans lendemain).
Quand on a affaire à un film de ce genre, c’est-à-dire qui s’attache, pour l’essentiel, à faire le portrait d’un unique personnage, on se plaît à dire que tout repose sur les épaules de l’acteur ou de l’actrice chargé(e) de l’incarner. En l’occurrence, il est vrai que la performance d’actrice de Laetitia Dosch mérite tous les superlatifs. Elle donne à un personnage assez complexe une cohérence totalement convaincante. Autrement dit, on y croit. Elle peut passer d’une émotion à une autre, d’un registre d’exubérance à un ton plus feutré tout en gardant l’harmonie de son personnage. Seules peut-être les scènes du tout début du film (qui font un peu trop songer à « La Bataille de Solférino » de Justine Triet) paraissent en léger décalage avec ce qui suit.
Cela étant dit, si les prouesses d’actrice de Laetitia Dosch sont réellement épatantes, il serait injuste de ne pas en attribuer le mérite également à la réalisatrice. Celle-ci atteste de l’énorme travail accompli avec l’actrice afin de parvenir à faire évoluer le personnage de Paula, au premier abord assez peu aimable, vers une autre facette ou une autre vérité. Les personnages de cinéma les plus intéressants ne sont-ils pas ceux qui se métamorphosent ou, quoi qu’il en soit, ne se limitent pas à une seule émotion ? Avec ce film, nous voilà servis ! Comme le dit si bien Léonor Serraille, « Paula a l’énergie incroyable d’un enfant, la naïveté d’une touriste, et cherche comme un petit animal la bonne façon de se sentir bien. »
A propos d’animal, il en est un qui a toute sa place dans ce film ! Et Dieu sait si c’est un bonheur chaque fois qu’il apparaît dans un film ! De qui s’agit-il ? Du chat bien sûr !