Pour la réalisation de "Rara", son premier long métrage de fiction, la chilienne Pepa San Martin a choisi d’installer sa caméra au sein d’une famille (re)composée de deux femmes et de deux fillettes de 12 et 9 ans. Le scénario de "Rara" s'inspire d’une histoire qui s’est déroulée au Chili il y a quelques années : l’histoire d’une femme à qui on a retiré ses enfants pendant plusieurs années sous prétexte qu’après son divorce avec le père de ses deux filles, elle avait choisi de vivre en couple avec une autre femme.
Dans "Rara", plutôt que de nous donner la vision d’un adulte, elle a choisi de nous montrer l’évolution de la situation avec les yeux d’une fillette impliquée dans une histoire similaire, une jeune adolescente de 12 ans, aux prises avec sa transformation personnelle et la perception qu’elle a de cet environnement particulier. Contrairement à sa sœur, plus jeune, qui ne se rend pas encore vraiment compte que sa famille ne ressemble pas vraiment à celles de ses copines, Sara arrive à l’âge où commence à se construire vraiment sa personnalité, à l’âge où elle commence à comprendre comment fonctionne sa famille par rapport aux autres familles. A cet environnement particulier s’ajoute le fait que Sara entre dans l’adolescence et, qu’à ce titre, elle commence à s’intéresser aux garçons de son âge, à se poser des questions sur le regard qu’ils portent sur elle et à s’interroger sur la sexualité. D’où, par rapport à ses deux mamans et à son père, un comportement dans lequel l’instabilité est reine.
C’est ainsi que, pour organiser sa fête d’anniversaire, Sara ne cesse d’hésiter entre la maison dans laquelle elle vit quotidiennement et celle de son père, plus vaste et permettant de montrer à ses amis un environnement familial jugé plus normal. Ce comportement instable ne peut qu’être renforcé par le fait que Victor, son père, intrigue pour avoir la garde de ses filles et trouve dans l’environnement dans lequel vit Sara l’explication à ses résultats scolaires loin d’être brillants.
Film très juste et attachant, "Rara" était présent à la Berlinade 2016 et le Jury international lui a attribué, parmi de nombreux films destinés à un jeune public, le Grand Prix de la Génération Kplus.