Martin Provost signe un film intimiste à la française comme je les aime où la "french touch" parisienne, qu'on pourrait presque taxer de parisianiste, fonctionne parce qu'il joue la carte de la sobriété, comme ses actrices. Dans ces retrouvailles improbables entre Claire, belle personne rayonnante de dévouement mais limite psycho-rigide (Catherine Frot, au top) et Béatrice, l'ex-maîtresse de son père partie sans laisser d'adresse, égoïste inconséquente qui revient tenter de solder ses comptes la peur au ventre (Catherine Deneuve, toujours la pêche), dans ces retrouvailles tout fonctionne par ellipses, suggestions, non-dits, ressentis révélateurs et attraction des contraires. Béatrice est une joueuse dans l'impasse (perd et manque, soit dit en passant), factuellement il se passe peu de choses mais le film déroule ses deux heures et je ne les ai pas vues passer. Une seule frustration s'installe : j'aurais aimé en savoir plus sur la complicité qu'évoque Claire, complicité qui fit du départ de Béatrice une trahison pour elle, à ce qu'on ressent... Qu'importe : la maîtrise de la direction d'acteurs, la prestation tout en retenue des deux Catherine, que tout oppose mais qui réussissent à se re-connecter, celle des seconds rôles masculins faire-valoirs (O.Gourmet, rafraîchissant et juste), tout concourt à installer une émotion crescendo jusqu'au final, un peu prévisible mais efficace avec élégance. La classe, à part peut-être l'invraisemblable scène transformant la Deneuve en camionneuse, pas crédible, pas utile, pas raccord avec le reste du film. Allez, globalement tout de même, de la bonne ouvrage qui repose sur les solides épaules des deux têtes d'affiche et si comme moi vous êtes plutôt bon public ou du genre émotif, vous êtes prévenus : préparez vos mouchoirs pour le générique de fin...