"Sage(-)femme" : un joli titre, pour un joli film. Par Martin Provost, le metteur en scène des excellents "Séraphine" et "Violette". Encore une histoire de femme(s), mais là, il ne s'agit ni d'une artiste, ni d'un écrivain, mais d'une modeste "faiseuse de bébés" (quand la maternité de proximité où elle travaille depuis 28 ans ferme, jugée "non rentable",
la dernière naissance à laquelle elle donne son art - et son amour, est celle d'un petit garçon, naissant d'une jeune femme dont elle avait accouché la mère, au tout début de sa carrière, et qu'elle avait même sauvée !..
), une presque quinqua rangée, "Claire" (Catherine Frot), qui retrouve la dernière compagne de son père, la fantasque "Béatrice" (Catherine Deneuve). MP se fait lui aussi "maïeuticien" (comme il est convenu de dire maintenant que la profession est accessible aux hommes -
comme saura l'illustrer d'ailleurs Simon, le fils de Claire
), qui montre le travail délicat, et souvent douloureux, de reconquête des sentiments
(quasiment mère/fille
) entre Béatrice (
fragilisée par la maladie)
et Claire, à jamais marquée
par le suicide de son père, alors que jeune ado, drame qu'elle attribue à Béatrice.
Une histoire qui sonne juste, narrée sans surcharge, sans pathos - tonique en diable qui plus est ! MP confirme ici qu'il fait, dans le meilleur sens du terme, du très bon "cinéma d'auteur", qui dit beaucoup, en montrant juste ce qu'il faut. Il réussit à rendre Deneuve crédible et attachante, tire le meilleur parti de CF, soigne ses rôles secondaires, et dirige à nouveau avec bonheur Olivier Gourmet ("Paul", le voisin de jardin...).