Pour ceux qui sont sensibles à ce genre d’informations, il y aurait soi-disant un fond de vérité à l’annonce de “l’unique phénomène paranormal dûment consigné dans les archives de la Guardia civil espagnole�. A priori, ‘Verónica’ n’avait pas grand chose pour tirer son épingle du jeu. Que voulez-vous, qu’on parle de possession, d’exorcisme ou de planche Ouija, tout ça est devenu le fond de commerce du cinéma d’épouvante le plus banal et le plus insipide. Ce spécimen n’est cependant ni américain ni ‘Blum-esque’ mais bien espagnol, même si cela ne signifie plus grand chose aujourd’hui : l’âge d’or du Film de Genre ibère s’est achevée voici déjà de nombreuses années. En revanche, il est signé Paco Plaza, qui reste quand même l’homme - un des deux du moins - derrière l’excellent [REC]. Du coup, on pouvait espérer qu’à défaut d’être très original, ‘Verónica’ serait au moins façonné avec plus de savoir-faire et de goût qu’une quelconque cornichonnerie alimentaire confiée à un lampiste interchangeable...et c’est exactement de cette manière que ça se passe. S’il n’y a rien qui sorte de l’ordinaire dans le déroulement des opérations, le réalisateur parvient à un équilibre probant entre la volonté de développer un contexte, des personnalités et des événements et l’obligation de satisfaire les amateurs de frissons, qu’il abreuve d’ailleurs davantage de petits détails que de trucs bruyants et voyants. Ainsi, les éléments périphériques du scénario (mère absente, père défunt, difficulté à gérer la transition vers l’âge adulte,...) sont décrits sans que Plaza s’appesantisse maladroitement sur une approche psychologique qui expliquerait tout. Il use mais n’abuse jamais des ficelles du film d’horreur : sa créature préfère d’ailleurs longer lentement les murs au lieu de surgir toutes griffes dehors d’un coin d’ombre avec les bruitages stridents de rigueur. D’ailleurs, même les apparitions de l’entité - au demeurant fort ratée visuellement quand on l’observe de près - témoignent d’un parti-pris sans hystérie ni surenchère, qui préfère laisser la tension s’installer plutôt que de la flanquer à la face du public en le sommant d’avoir peur. C’est bien simple, pas toujours mais parfois, le résultat possède plus de points communs avec les films d’horreur des années 70 qu’avec ceux des années 2010. Sans révolutionner quoi que ce soit, ‘Verónica’ est donc un film d’horreur de bonne qualité, en tout cas un film d’horreur qui, bien que d’extraction modeste, se hisse largement au niveau des cadors hollywoodiens du moment comme la franchise des ‘Conjuring’.