L’accent québécois n’est jamais en soi gage de qualité, et pourtant. On a – avec l’émotion et le souvenir réservés aux grands films – Mommy et Laurence Anyways de Xavier Dolan, drames sociaux émouvants, poignants, esthétiques, réels, vrais.
Ici, avec le film du français Raphaël Nadjari c’est une histoire plus modeste se déroulant au Québec, mais qui ne manque ni l’émotion ni la justesse des films réussis. Rendre captivant le quotidien d’un groupe méconnu de choristes classiques n’est pas chose aisée sur le papier. Cependant, tous les acteurs donnent avec sincérité. Entre les inquiétudes financières, le spectre bien présent d’un mentor et une nouvelle venue, Abigail (Eléonore Lagacé), plus jeune, les changements sont nombreux pour le groupe Les Cantiques. Inquiétudes, regain d’espoir, rires et moment de doutes jalonnent ce film qui fait vite oublier ses 2 heures par la qualité d’écriture et d’interprétation de ses personnages.
8ème film du Marseillais Raphaël Nadjari, Mobile Etoile se déroule à Montréal mais est encore marquée par la période israélienne du réalisateur tant l'œuvre est empreinte, souvent en creux, de judaïsme. Du fait de cette contextualisation poussée, cette histoire d'un couple de musiciens qui se bat pour continuer à vivre de sa passion n'est pas universelle et ne pourra pas, je pense, toucher un large public, indépendamment de la distribution limitée du film en 1ère exploitation (90 copies). Mais le film touche par ses acteurs, en particulier Luc Picard qui m'a fait penser à Dustin Hoffman et pas que physiquement... Le film est aussi profondément original, grâce à un pitch pointu et bien cadencé, et par son côté chronique sociale. L'arrivée du fruit de la discorde spoiler: - une partition introuvable et son messager - au milieu du film fait basculer celui-ci dans un tempo et un réalisme moins maîtrisé. Même les personnages perdent un peu de leur profondeur psychologique. Dans cette seconde partie, le film aurait gagné à recourir à un montage plus dense. Ces bémols exprimés, il faut retenir le dépaysement intellectuel qu'apporte cette œuvre et le jeu tout en finesse de Luc Picard, qui mérite à lui seul le déplacement.
Quelques moments très émouvants. Deux heures, c'est un peu long, au sens où il n'était pas nécessaire de tant dérouler le temps de l'histoire. Le jeu des acteurs est parfois surjoué. Ce qui est très bien rendu, c'est l'étendue du narcissisme des musiciens, notamment le contraste entre l'enthousiasme de la jeune fille, qui prône une interprétation vivante d'un morceau nouveau et la manière, dont le maître venu de France va casser cet élan pour ramener vers une version plus traditionnelle, moins exaltée. Cet univers des chants liturgiques m'était inconnu et cette excursion m'a intéressé. L'audition du Miracle de la clef est un pur régal, car chacun donne tellement de soi avec un plaisir partagé, que nous sommes gagnés par cet enthousiasme. Je pense qu'en resserrant son propos, le cinéaste aurait pu conflictualiser les rapports entre les personnages de façon moins prévisible.
Mobile Etoile est la rencontre de deux arts (la musique et le cinéma) avec un certain souhait de mise en avant musicale. Au détriment d’une réelle intention cinématographique, le film trouve une certaine fragilité dans son développement….♥♥
Hannah est une femme de 40 ans, française d’origine, habitant Montréal. Elle enseigne la musique avec son mari Daniel et anime avec lui une chorale de chant liturgique juif. Depuis une dizaine d’années, ensemble, ils se consacrent avec passion, détermination et dévotion à leur groupe de chant. Malheureusement, comme dans tous les domaines des arts, le financement ne suit plus ce qui vient perturber l’engagement d’Hannah.
Il est toujours très difficile de rendre sur grand écran la puissance de la musique classique. Certain choisissent de l’enrober dans des intrigues populaires (La famille Bélier, Les Choristes) quand d’autres essaient tant bien que mal de laisser la part belle à la musique quitte à en oublier le développement scénaristique. Mobile Etoile est de ceux-là puisqu’à aucun moment, le long métrage de Raphaël Nadjari ne semble vouloir satisfaire à une certaine facilité de narration quitte à flirter très souvent avec le documentaire. Ici, pas ou peu de scénario véritablement, le spectateur doit suivre les périples de ce couple en proie aux difficultés professionnelles risquant alors un ennui véritable lorsque non-happé par le sujet.
En outre, le film dépeint un personnage principal interprété par Géraldine Pailhas plutôt antipathique. Très souvent en colère ou excédée, son personnage n’est sauvé que le temps d’une ou deux scènes… Volonté de réalisation ou manque de recul sur son histoire ? Le réalisateur Raphaël Nadjari emmène son spectateur vers le dépriment et ne réussit pas à équilibrer ses émotions.
Certes, Mobile Etoile procure une certaine amertume et quelques émotions surtout grâce à ses chants et le charisme de ses interprètes, mais il manque aussi très souvent d’intrigue (surtout dans sa première partie) où le réalisateur semble mettre de côté ce qui peut piquer la curiosité de son auditoire. La deuxième partie (bien que trop longue) effleure certains sujets déjà plus intéressant sans toutefois parvenir à les traiter. Dommage