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Marc L.
46 abonnés
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1,5
Publiée le 30 avril 2018
Portraits de femmes, au lendemain de la chute du Rideau de fer : la liberté est revenue mais les moeurs, dans la Sainte Pologne, restent corsetées sous le regard vigilant d’un patriarcat et d’une église omniprésentes...mais cela n’empêche pas les femmes de rêver : l’une fantasme sur le curé local pour oublier son morne quotidien conjugal, l’autre entretient une relation secrète avec le médecin récemment veuf, une troisième, encore, tombe amoureuse de l’aspirante top-model de l’appartement d’en face. Ces personnes, aux âges et aux profils variés, se croisent et se re-croisent, sans jamais s’adresser la parole, dans ce décor d’habitat collectif impersonnel. Il aurait sans doute été possible de s’intéresser à ce tourbillon de sentiments amoureux ancré dans un contexte historique atypique - qu’est ce qui pouvait bien traverser le coeur de l’homo sovieticus dans sa version féminine ? - mais toutes ces femmes semblent si éteintes, glaciales et vaguement hostiles à tout ceux et celles qui les entourent qu’on n’y parvient décidément pas. Suivant la maxime de Truffaut comme quoi le cinéma est l’art de faire faire de jolies choses à de jolies femmes, ‘United states of love’ peut-il au moins être considéré comme sensuel ? Peut-être...mais uniquement dans la version “Cornichons en bocal� du film sensuel...
Histoires de femmes. Malheureuse auprès d’un mari qui ne lui donne plus de plaisir, Agata fantasme sur le curé de sa paroisse. Iza espère pouvoir enfin épouser l’homme marié dont elle est la maîtresse depuis plusieurs années et qui vient de perdre sa femme. Renata, une enseignante proche de la retraite, est secrètement amoureuses de Marzena, la sœur d’Agata, une ancienne reine de beauté qui cherche sans succès à percer dans le mannequinat.
Vous n’avez rien compris à ce résumé trop dense ? Estimez vous heureux. Le film est plus incompréhensible encore qui ne se comprend qu’après coup, une fois bouclées le destin de ces quatre femmes frustrées, animées de pulsions inavouables : séduire un prêtre, épouser un veuf, conquérir le cœur d’une hétérosexuelle…
La construction semble en tous points calquée sur celle de "Certaines femmes", le film de Kelly Reichardt sorti en début d’année : soit le portait kaléidoscopique de plusieurs femmes murées dans leur solitudes que relie entre elles un fil narratif ténu. Je lis qu’il s’agirait d’un manifeste féministe. Je trouve au contraire que les femmes n’y ont pas le beau rôle qui courent sans raison après un rêve inatteignable au risque d’y perdre leur dignité.
L’action est censée se dérouler en Pologne en 1990 juste après la Chute du Mur. Pourtant, rien dans la lumière grise et les héroïnes dépressives ne laisse imaginer l’ivresse de liberté qui a saisi la Pologne – sauf à vouloir démontrer que cette soi-disant ivresse était une construction occidentale qui n’a pas eu une once de réalité à l’Est.
"United States of Love" vaut surtout par l’éclairage et le cadrage : images pâles, sous-saturées, cadrages millimétriques inspirés des natures mortes des peintres hollandais. La chair y est montrée nue, flasque, presque animale : ventres débordants, pénis détumescents, seins vergéturés… C’est pathologiquement beau. C’est surtout foncièrement triste.
Il m'a fallu un peu de temps pour accrocher mais ma patience a été récompensée. Ce film m'a fait penser au titre du livre de Stig Dagermann "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier". C'est noir, froid et inhospitalier comme la solitude mais cela mérite d'être vu.
United States of Love est reparti de la Berlinale 2016 avec le prix du meilleur scénario. Pas immérité pour cet entrelacement de 4 vies sentimentales de femmes dans une petite ville polonaise au lendemain de la chute du communisme. Entre Kieslowski et Seidl, le metteur en scène Tomasz Wasilewski décrit des existences pathétiques avec un acharnement qui devraient logiquement le reléguer au rang de misogyne primaire sauf que les hommes ne sont guère mieux traités dans ce film qui flirte avec le sordide dans un environnement d'une laideur bétonnée. Mais c'est bien la gent féminine qui est au premier plan et elle n'est pas épargnée par le regard sadique du réalisateur. En même temps il faut lui reconnaître un certain sens du cadre et une acuité visuelle et narrative de premier ordre. Quant à savoir quelle morale tirer des mésaventures de ses héroïnes, la question ne trouve pas de réponse satisfaisante.