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traversay1
3 538 abonnés
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3,0
Publiée le 23 août 2017
Danis Tanovic adapte une pièce de BHL, concentrant son scénario dans les murs de l'hôtel Europa à Sarajevo, au moment où le centenaire de l'assassinat de François-Ferdinand, prélude à la première guerre mondiale, doit être "célébré" en grandes pompes. Le film est choral, en grande partie didactique avec des interviews qui rappellent l'histoire de la ville, symbole des guerres européennes au 20ème siècle. Mort à Sarajevo a du mal à faire cohabiter ses différents niveaux de narration, cherchant trop l'allégorie d'une Europe qui ne s'est toujours pas remise des massacres du siècle dernier. Le tempo est inégal avec la répétition d'un discours par un émissaire européen (Jacques Weber, très bon), la menace d'une grève dans l'hôtel, et les rappels historiques. S'il est insatisfaisant, le film possède cependant un rythme soutenu par la grâce d'une mise en scène très fluide et quelques scènes silencieuses et tendues qui réconfortent d'un trop plein de dialogues. On retrouve par bribes le tempérament ironique et impertinent de Danis Tanovic, cinéaste qui avait signé un premier film remarquable, No man's land et qui, depuis, ne cesse de décevoir. Co-produit par des chaînes françaises, primé à Berlin en 2016, le film a finalement trouvé le chemin des salles dans l'Hexagone, au bout de 2 ans. Manque de potentiel commercial, à l'évidence.
Je ne savais pas avant de le voir qu'il s'agissait d'une pièce (adaptée) de Bernard-Henri Lévy, et c'est tant mieux car sinon je ne l'aurais probablement pas regardé. Sans doute Danis Tanovic n'est-il pas étranger dans cette (relative) réussite, s'emparant d'un sujet qui lui tient manifestement à cœur : l'Histoire de la Yougoslavie et notamment son « acte fondateur » : l'assassinat de François-Ferdinand par Gavrilo Princip. Bon, c'est sûr que si vous n'êtes pas (comme moi) spécialement familier des événements, pas mal d'éléments et de noms risquent de vous échapper, d'autant que c'est très bavard, prenant souvent le pas sur une action qui a toutefois le mérite d'exister et, surtout, d'avoir du sens. Il y a des enjeux : s'interroger sur le passé pour mieux éclairer le présent afin d'observer les bouleversements d'une nation sur un siècle, selon divers points de vue sur un sujet manifestement (très) sensible là-bas. Tanovic a le sens de la technique, dont une passion immodérée pour le traveling dont il nous abreuve régulièrement. Si « Mort à Sarajevo » reste réservé à un public assez restreint par son propos et son côté très « intello », il a le mérite d'évoquer un sujet mal connu en France, y intégrant une dimension sociale (la grève des employés de l'hôtel où une grande conférence européenne est censée se tenir) et pouvant compter sur une interprétation séduisante, la belle Vedrana Seksan en tête. Pour ces raisons, malgré le côté légèrement répétitif des scènes et un équilibre pas toujours évident entre les deux récits, l'œuvre peut mériter le coup d'œil.
La grande histoire rencontre la petite histoire. D'un côté, celle de la guerre terrible qui a opposé la Serbie à la Croatie, avec en filigrane les drames d'Auschwitz ou d'ailleurs, et de l'autre celle d'un hôtel qui s'apprête à recevoir une délégation européenne. Des personnages traversent ce récit conflictuel : un couple qui se dispute pour un achat de canapé, un acteur qui s'entraîne à une prestation théâtrale, des gardiens attelés à leur écran de surveillance, un directeur d'hôtel en proie à une grève de ses employés, un mafieux qui joue et perd avec délectation de l'argent, une journaliste qui interroge un militant, etc. Bref, "Mort à Sarajevo", c'est une multitude de figures et d'histoires pour un film au format relativement court, dans une mise en scène glaciale. On s'ennuie beaucoup, on perd le fil avec cet enchevêtrement de personnages. Seul peut-être Jacques Weber en comédien inspiré provoque quelques émotions véritables, notamment à l'évocation d'une Europe fracturée, qui n'a jamais pu repousser l'inimaginable des camps de la mort. Il y a pourtant de l'idée mais sans doute que le réalisateur a voulu trop dire. Il multiplie les points de vue qui égarent en route le spectateur, happé par la désespérance de la photographie et de la mise en scène. On court à la recherche d'un souffle, semblable à cette cheffe de rang dévouée, mais sans jamais trouver une once de vraisemblance. Néanmoins, "Mort à Sarajevo" rend un poignant hommage aux disparus de ce bout d'Europe qu'on aurait tendance à oublier, dans un négationnisme ambiant et terrifiant.
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18 103 critiques
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1,0
Publiée le 3 novembre 2020
Tanovic est un metteur en scène talentueux comme il l'a montré dans No Man's Land mais tous les personnages ici étaient à peu près aussi subtils que les personnages d'une pièce de l'intellectuel français Bernard Henri-Levy qui fait ressembler David Hare a Shakespeare. Le film était vaguement captivant mais dès qu'il était terminé ou qu'il semblait se terminer quand il le fallait on savait à quel point il était faible. Il y avait beaucoup trop de didactique d'une part et beaucoup trop de soumission à l'image d'un public non balkanique d'un monde balkanique de gangsters de prostituées, de prêteurs d'argent et de violence à tous égards. Je suis censé écrire au moins 10 lignes à ce sujet mais Dieu cela ne vaut pas vraiment que deux lignes de commentaire. Je ne peux pas croire que le Gardien lui a donné 4 étoiles (enfin si je peux)...
Un très beau film d'un très grand réalisateur, qui a obtenu l'Oscar du meilleur film étranger. Très instructif sur l'histoire de la Yougoslavie. Devrait être vu par tous les élèves de Terminale !
Un film haletant, très intelligemment construit, et remarquablement mis en scène. On pense à Altman dans la forme, et le fond permet de comprendre beaucoup de choses sur l'Europe.
Trois histoires parallèles et sans lien entre elles se déroulent dans un hôtel à Sarajevo 100 ans après l'assassinat de Sarajevo et 20 ans après la fin de la Guerre de Bosnie. Elles finissent par se rejoindre à la fin du film. C'est astucieux mais on cela n'apporte rien et on a l'impression de voir 3 films par intermittence.
En outre, il ne suffit pas de faire référence à deux évènements historiques importants pour arriver à faire un bon film.
Le rôle de Jacques Weber (un français venu prononcer un discours qu'il prépare dans la chambre d'un hôtel vieillot) est sans intérêt et ridicule : il aurait mieux fait de le décliner.
Danis Tanovic a fait des films bien plus réussis. Son erreur a été de mettre en scène une pièce de BHL.
Impossible de discerner les intentions du réalisateur à travers ce film brouillon qui ne parvient pas à trouver un style. Les péripéties du quotidien dans cet hôtel de luxe au bord de la faillite auraient pu générer des situations cocasses et on songe au cinéma tchèque de jadis : Au feu les pompiers (Milos FORMAN) ou Trains étroitement surveillés ( Jiri MENZEL ) par exemple. Ce ne sera pas le cas ici. Les épisodes à peine esquissés de la série d’interviews télévisées, à la limite du ridicule (Ne manque guère que la célèbre question « et Dieu dans tout cela ? ») n’y changeront rien non plus. Le film avance et des scènes improbables se succèdent : le syndicaliste tabassé dans le parking souterrain, le directeur de l’hôtel, pris de boisson, qui serre de près son employée de confiance, avant de la licencier, le vigile cocaïnomane qui abat froidement le descendant de l’assassin de l’archiduc etc… Quant à Jacques WEBER, s’il était censé incarner une caricature de B.H LEVY , ce qui aurait pu être fort drôle, il se limite à bredouiller inlassablement le texte de son intervention à venir devant les représentants de l’Union européenne attendus en foule dans l’hôtel, tandis que les employés y préparent une grève qu’ils voient décisive. Cette confusion maladroite des genres dégage un profond ennui et l’on se demande si le film n’aurait pas dû rester à l’état de projet.