Avec "Creed : L'héritage de Rocky Balboa", la saga Rocky avait réussit l'incroyable pari de faire une passation de témoin des plus efficace. Le premier volet reprenait le meilleur des six films consacrés à l'étalon italien tout en nous faisant découvrir un nouveau univers et prendre une autre direction. Autant dire que de mon côté, ce "Creed 2" était attendu au tournant et ce n'est donc pas étonnant que ce fut le premier film de 2019 à me faire déplacer en salles.
Très vite, je suis retourné sur le ring. Le scénario écrit par Juel Taylor et Sylvester Stallone ne nous laisse pas de temps mort et annonce tout de suite la couleur de ce que sera cette histoire à savoir un retour nostalgique de "Rocky 4". Si dans sa conception, ce film s'avère moins bourrin que son aîné de 1985, il en exploite malgré tout les mêmes ficelles. Les facilités sont moins grossières mais le chemin reste prévisible et identique.
Si la guerre froide est passé, le retour de l'affrontement Balboa - Drago se fera par le combat de leurs poulains respectifs. Le retour d'Ivan Drago et l'arrivée de son fils Viktor est assez sympathique. Le lien avec "Rocky 4" fonctionne bien et j'ai trouvé intéressant que les rancunes ait changés. Ce n'est plus seulement les États-Unis contre la Russie mais une histoire de revanche personnelle.
Après, si le film reste efficace, c'est quand même dommage que le scénario n'aille pas plus loin dans ses thématiques. Depuis "Rocky Balboa", la franchise avait su apporter un peu de fraîcheur à chaque nouvel opus mais après sept films, on a cette fois-ci l'impression que ça tourne un peu en rond. L'éternel morale sur les valeurs familiales et sur ce qui anime un boxeur à prendre des coups sent un peu le réchauffé même si il apporte une bonne issue à Rocky et offre une belle ouverture vers une nouvelle vie à Creed.
Maintenant, je ne boude pas mon plaisir. Le long métrage reste diablement efficace et je n'ai vraiment pas vu le temps passé. Il aurait été intéressant de passer davantage de temps du côté des Drago mais le film fait son boulot. On y retrouve même des éléments forts de la saga qui font toujours leurs petits effets comme les séances d'entraînements ou les combats qui nous font sauter de notre siège.
Devant la caméra, Michael B. Jordan (Adonis Johnson Creed) s'envole. Il est toujours le gentil boxeur que l'on aime suivre mais ce volet reste important pour ce personnage car il parvient réellement à se détacher de celui de Rocky. Comme son statut dans le récit, il devient le seul champion, c'est lui qui mène la barque et c'est pour son personnage que l'on fait le déplacement. L'acteur s'en sort en tout cas très bien et si il n'a pas encore le capital sympathie que je peux avoir pour Sylvester Stallone, il s'impose à l'écran d'une excellente manière.
Sylvester Stallone (Rocky Balboa) justement reprend lui aussi très bien son rôle. On l'avait laissé fatigué, il revient plus vigoureux. On sent que son personnage livre son dernier combat à l'écran, qu'il est en fin de course mais c'est par la grande porte que ça va se passer. Ce rôle est en tout cas vraiment taillé sur mesure pour l'acteur qui sais vraiment jouer sur beaucoup de tableaux et qui même après 7 films, réussit toujours à me toucher.
Tessa Thompson (Bianca Porter) dans la peau de la nouvelle Adrian est sinon celle qui tire le mieux son épingle du jeu parmi les têtes que l'on connaît déjà dans l'univers de Creed. Son personnage se voit davantage exploité, beaucoup plus intéressant et elle s'avère être un soutien nécessaire à notre boxeur. J'ai aimé aussi retrouvé Phylicia Rash�d (Mary Anne Creed) ainsi que Wood Harris (Tony « Little Duke » Evers) que l'on utilise aussi davantage.
Pour le reste, le principal intérêt de cette distribution, c'est Dolph Lundgren (Ivan Drago). Les années ont passées et l'acteur est devenu encore plus imposant et charismatique. C'est aussi pour cela que je regrette sa sous-exploitation surtout que j'ai trouvé son image de père autoritaire qui boxe de nouveau à travers son fils très plaisante. Ce dernier est lui aussi bien incarné par Florian Munteanu (Viktor Drago) que je trouve beaucoup plus impressionnant et efficace que le précédent adversaire de Creed.
Plus ambigu à mes yeux, même si j'ai rien contre son jeu, je n'ai pas toujours compris la présence de Russell Hornsby (Buddy Marcelle). J'ai du mal a saisir son intérêt dans ce récit qui n'a pas véritablement besoin de son personnage. Sinon, sans en dire plus pour ne pas spolier (je suis d'ailleurs content d'avoir eu la surprise de le découvrir en salles), il y a quelques apparitions et clins d’œil aux précédents volets que j'ai beaucoup aimé.
L'autre passation de témoin, plus discrète cette fois-ci, est celle de Ryan Coogler. Pris par le tournage de son "Black Panther", il passe le relais à Steven Caple Jr. Honnêtement, le réalisateur ne s'en sort pas trop mal. Il ne dénature pas du tout ce qui a été crée précédemment et livre un film efficace que j'ai trouvé très prenant.
Visuellement, il y a de nombreux plans que j'ai beaucoup aimé. Au-delà des scènes d'entraînements et des combats de boxe parfaitement chorégraphié, sa réalisation est vraiment plaisante à suivre avec une photographie également très belle. Maintenant, sa mise en scène a aussi les mêmes maladresses que le scénario à savoir que c'est très beau mais pas non plus surprenant.
On en a quand même pour notre argent il ne faut pas se mentir. Véritable show, le spectacle est présent au rendez-vous. Si l'action se fait un peu plus présente, la psychologie des personnages ne se retrouve pas délaissé. Les décors sont vraiment très bons aussi même si le Philadelphie de Rocky me manque un peu, la saga ayant reçu un gros coup de modernité visuelle. Quant à la bande originale composée par Ludwig Göransson, je l'ai aussi beaucoup aimé. Là encore, il y a une bonne transition et musicalement, Rocky s'estompe pour vraiment faire place au monde de Creed.
Pour résumer, "Creed 2" ne réussit pas à mes yeux à dépasser son prédécesseur. Qu'importe, le film reste diablement efficace et offre une belle porte de sortie à Rocky Balboa. Place à Adonis Creed qui parvient à vraiment se détacher de son maître pour nous offrir une ambiance qui lui est propre. Sur le fond, il n'y a rien de bien nouveau et ce manque de risque lui fait un peu défaut mais en toute honnêteté, même si j'ai toujours une préférence pour l'étalon italien (j'ai grandi avec ses films), j'ai quand même une nouvelle fois pris mon pied devant ce nouveau combat. Tout n'est pas parfait mais je pourrais le revoir très facilement tant ce film reste excellent et surtout très efficace.
Mr Vladdy - 13 janvier 2019.