3 ans après la tornade qu'était Creed, film-héritage tout simplement excellent nous montrant un Rocky vieillissant prenant sous son aile un jeune Adonis Creed nourri d'une rage de porter le nom de son défunt père, la suite est enfin là !
Consécration et confirmation d'un tandem Michael B. Jordan-Ryan Coogler qui enchainait les succès depuis Fruitvale Station, il a fallu cette fois trouver un remplaçant auposte de réalisateur, ce dernier étant parti réaliser Black Panther.
Comme Coogler, c'est donc sur la scène des drames urbains intimistes profondément ancrés dans la Californie qu'un nouveau metteur en scène est déniché : Steven Caple Jr, déjà auteur du très sous-estimé The Land, occupe le poste, sur un scénario de Stallone et Cheo Hodari Coker (Luke Cage).
D'entrée de jeu cela se traduit à l'écran par un respect de l'ambiance du film précédent, mais aussi par un traitement humain de ses personnages et du cadre dans lequel ils vivent. Si la mise en scène des divers combats ne se révèle pas aussi marquante que la patte de Coogler, il faut quand même reconnaître le talent du monsieur, qui a pris le job très au sérieux,et cela se ressent, notamment dans les divers (et nombreux) passages intimistes ou l'introspection est à l'honneur.
Quel plaisir de retrouver Donnie, Bianca et Rocky 3 ans après et au top de leur forme, au même moment où revient sur le devant de la scène Ivan Drago, antagoniste culte encore une fois incarné par un très bon Dolph Lundgren, cette fois-ci prêt à prendre sa revanche suite à la honte dans laquelle il a vécu ces 30 dernières années. Florian Munteanu, un réel boxeur, interprète donc Viktor Drago, fils élevé dans ce seul but.
Si le film reprend pas mal la structure d'un film Rocky (en particulier Rocky IV, dont il est également une suite), on n'oublie pas d'y injecter diverses thématiques et propos qui font de ce Creed II un film avec son identité (et qui se permet même d'être une sorte de conclusion d'un cycle).
Loin de répéter ce qui avait été entrepris dans le 1er film, Creed II traite du poids et des erreurs du passé, de la famille,la paternité et le fait de grandir pour surpasser cet héritage.
Autant dire que le tout s'en sort avec les honneurs, proposant son lot de séquences d'émotion et d'humanité, mais aussi de tension galvanisante (la fin de la 1e moitié du film nous agrippe réellement à notre siège).
Michael B.Jordan révèle encore une fois que son destin depuis The Wire était tracé : terriblement intense dans son jeu, c'est une superbe performance physique et d'acting qu'il offre. Si son statut de meilleur acteur de sa génération est bien là, le reste du casting n'a pas à rougir.
Tessa Thompson, toujours aussi charmante, voit son rôle et son temps de présence étoffé (et offre des séquences surprenantes d'émotion avec Michael et leur enfant), et Sylvester Stallone nous émeut encore par un jeu tout en retenue qui ne peut que nous pincer le coeur.
Autre élément qui aurait vite pu être caricatural, à savoir le cliché des méchants russes, la relation Drago père-fils arrive à en être touchante et mélancolique, abordant la place que doit avoir la vie privée dans une carrière conditionnée depuis l'enfance.
Florian Munteanu est très convaincant, et tout simplement impressionnant en machine de guerre indestructible, nous abreuvant de combats terriblement intenses sous forme de morceaux de bravoure.
Le reste du casting n'est pas en reste, avec le retour de Wood "Aaron Barksdale" Harris (ce qui fera toujours sourire les fans de The Wire encore une fois), et Phylicia Rashad, également plus présente en mère d'Adonis.
En conclusion, si le récit peut être globalement moins fourni, la BO de Goransson moins novatrice (mais toujours de très bonne facture via ses variations de thèmes et quelques nouveaux) et les plans-séquences de Coogler absents, Creed II est la digne suite qu'on attendait, nourri d'une authenticité, d'une maîtrise, d'une intensité et d'un vrai bagage émotionnel qui force le respect.
Galvanisant mais aussi intimiste, porté par d'excellents acteurs, un Michael B.Jordan impeccable encore une fois, une mise en scène élégante et même d'une photographie supérieure au précédent film, Creed II est une très bonne réussite !