Un coup de poing dans le ventre et des couleurs plein les yeux, c'est ce qu'on ressent lorsque l'on sort de la salle de cinéma après avoir vu Divines, réalisé par Houda Benyamina. Primé de la caméra d'or à Cannes, on retient les images sublimes tout au long du film, des plans sur les tours d'HLM en contre plongée, pour dénoncer la hauteur et la place des cités dans la vie « des pauvres », comme le dit la réalisatrice, enfermés dans une sorte de prison mélant règlements de compte, drogue et délinquance mais aussi sentiments, émotions, beauté de ces quartiers et de leurs habitants. J'ai également beaucoup aimé la séquence dans le bar, où Dounia travaille la nuit avec sa mère, les couleurs sont d'une beauté exeptionnelle. Elle mèle les images de dragqueen survoltée, avec de magniques flous d'arrière plans contrastant avec ceux du bar froid, de l'autre côté de la pièce, où la mère de Dounia est complètement ivre et cherche à le cacher à son patron. Je trouve que celle-ci représente très bien le film, montrant la beauté de ces personnes, mais aussi leur côté sombre. Ce film surprend par sa provocation et sa sensibilité. Se mèlent ici les flammes de la classe populaire rêvant d'or, lorsque tous les élèves reprennent en coeur le « money, money, money » lancé par Dounia à sa professeur désemparée, à celles de la classe bourgeoise, que Dounia et sa meilleure amie tente de rejoindre, à bord de leur Ferrari imaginaire.
Adoslescentes responsables et craintives la nuit, elles observent un danseur du haut des cintres le jour. Houda Benyamina a osé le mix parfait entre délinquance, histoire d'amour, jeunesse incomprise et féminisme. Je soulignerai aussi la bande son, qui accompagne très bien tous les évènements, avec une émotion particulière. Divines, que ce soit pour la drag queen des années 60 rappellant celle du film, ou pour ses filles au jeu vraiment réussi, Divines est selon moi, le meilleur film de cette rentrée, divin.