Sophie Reine est à la base monteuse et réalise son premier long métrage avec Cigarettes et chocolat chaud. Elle revendique avoir des goûts cinématographiques éclectiques allant de Populaire de Régis Roinsard à La French de Cédric Jimenez, en passant par My Sweet Pepper Land d’Hiner Saleem et Dégradé des frères Nasser.
La genèse de Cigarettes et chocolat chaud est à relier au film Le Premier jour du reste de ta vie sur lequel Sophie Reine officiait en tant que monteuse. Cette dernière avait fabriqué un détournement du film de Rémi Bezançon qu'elle avait montré à la productrice Isabelle Grellat, laquelle lui a proposé de réaliser son propre film. Reine s'est ainsi lancée et a mis en scène le court-métrage Jeanine ou mes parents n'ont rien d'exceptionnel, une expérience qui lui a donné envie de passer au long.
Sophie Reine avait été bouleversée il y a quelques années par un documentaire qui suivait un jeune garçon atteint du Syndrome Gilles de la Tourette. C'est pour cette raison qu'elle a décidé d'en parler dans Cigarettes et chocolat chaud. La cinéaste avait même contacté l’AFSGT (Association Française du Syndrome Gilles de la Tourette) et le professeur Andreas Hartmann qui lui ont permis de rencontrer des familles concernées par le sujet.
Héloïse Dugas, qui joue le personnage de Janine, a elle aussi rencontré plusieurs fois une jeune fille de son âge atteinte du syndrome.
Pour trouver Janine et Mercredi, la directrice de casting enfants Dorothée Auboiron a sillonné les sorties d’écoles, cours de théâtre, et agences d’acteurs pendant plus de huit mois.
Avant le tournage, Sophie Reine a demandé au directeur de la photographie Renaud Chassaing, à la costumière Julie Miel et au chef décorateur Thomas Grezaud de visionner plusieurs films qui ont servi de références visuelles. C'est le cas de Buffalo 66 pour ses gros plans, Juno et Little Miss Sunshine pour ses couleurs chaudes, ses costumes et ses décors. Les photos très lumineuses du photographe américain Stephen Shore ont aussi nourri l'esthétique de Cigarettes et chocolat chaud.
Le titre du film a été inspiré à Sophie Reine par une chanson de Rufus Wainwright "Cigarettes and chocolate milk". Elle explique : "Elle parle d’un homme qui demande à être accepté tel qu’il est, avec toutes ses manies et ses imperfections… C’est incroyable à quel point elle m’évoque la famille Patar. Sébastien Souchois a réenregistré un très beau cover pour le film, avec une voix féminine qui trimballe une émotion à fleur de peau, entre galère et espoir : une version Patar quoi."
Ce portrait d’une famille hors normes est quelque peu autobiographique pour Sophie Reine. La réalisatrice raconte en effet avoir grandi dans un appartement à Paris avec un singe et une chèvre comme animaux de compagnie ! Elle se s'amuse : "Chez les Patar, comme chez les Reine, on porte des chaussettes dépareillées, on va au boulot avec des fringues multicolores parce que les tutus fuchsia des unes ont déteint sur les pantalons crème des autres, on mange des chips au petit-déj… bien loin des 5 fruits et légumes par jour et du régime sans gluten ! Mon père s’est retrouvé seul à nous élever avec mon frère et ma soeur, j’ai eu envie de décrire cette vie là : un papa débordé qui cherche à protéger à tout prix ses enfants d’un monde « où les mamans et les cochons d’inde meurent sans prévenir »."
Cigarettes et chocolat chaud a obtenu le Prix des Enfants Terribles du Meilleur film au Festival international du film de Gijon ainsi que le Prix spécial du Jury pour Héloïse Dugas au 21ème Festival des Avant-Premières de la Ville de Cosne.