12 ans après Sur la planche, à l'absolue radicalité, voici enfin le second long-métrage de fiction de Leïla Kilani, native de Casablanca. Cet objet hybride est aussi déconcertant que son prédécesseur mais sans doute un peu plus accessible au commun des cinéphiles, quoique. Sur les hauteurs de Tanger, une famille se dispute autour de la vente future d'une propriété, aussi luxuriante dans sa nature environnante que décadente et qui abrite, par ailleurs, dans un contraste saisissant, un bidonville. De lutte des classes il en est question dans Indivision et par conséquent de ... division, comme son titre peut le laisser entendre. Tout est raconté à travers les reportages live de Lina, 13 ans, destinés à ses nombreux followers. La fillette, muette volontairement dans la vie réelle, après la mort de sa mère, tient un journal filmé, sous le pseudonyme de Cicogna nera. Elle y documente sa passion d'ornithologue déjà réputée mais aussi toutes les turpitudes humaines qui ont lieu dans sa maison. Indivision ne choisit pas entre chronique sociale, documentaire sur les oiseaux, thriller, saga familiale et drame, ce qui, sur une durée de plus de 2 heures, crée beaucoup d'agitation à l'écran, à moins que ce ne soit une certaine confusion. C'est toujours excitant de suivre un film qui sort largement des sentiers battus mais il faut malgré tout faire montre de beaucoup de maîtrise dans le chaos, ce qui n'est pas toujours le cas ici, notamment du point de l'interprétation, très inégale.