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Plume231
3 920 abonnés
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5,0
Publiée le 27 janvier 2012
Un biopic conventionnel sur un des hommes les moins conventionnels de tous les temps aurait été une totale aberration. Car s'il y a un artiste qui mérite un film qui sort de l'ordinaire, c'est bien Yukio Mishima, le plus célèbre écrivain japonais, esthète, samouraï anachronique, nationaliste ayant une très forte culture occidentale, véritable champ de contradictions ambulant mais surtout un formidable comédien qui a sû jouer sa vie à la perfection et qui a trouvé son chef d'oeuvre absolu à travers sa mort. Paul Schrader a fait le choix remarquable d'aller au-delà du simple biopic pour transcrire l'âme de l'écrivain à travers la plongée dans trois de ses oeuvres écrites dans des remarquables décors stylisés à l'extrême, quelques grandes étapes de sa vie en noir et blanc et bien sûr le 25 novembre 1970 où, comme le dit la bande-annonce du film, il trouvera l'expression ultime de son art. Admirablement aidé par un Ken Ogata habité par son personnage et par une BO absolument géniale de Philip Glass, Schrader arrive à rendre une partie de la personnalité trouble de l'artiste mais surtout réussit à créer une oeuvre intense, fascinante et captivante qui chamboule autant l'âme qu'un roman de l'écrivain.
J'avais toutes les raisons de vouloir voir ce film, il est consacré a Yukio Mishima un de mes écrivains préférés, et on l'a toujours présenté comme une œuvre profondément atypique, une expérience a la fois esthétique et narrative. Et je n'ai pas été déçu pourtant le biopic et le genre le plus académiques qui soit et il est très rare d'y trouver des chef d'œuvres (en fait j'en compte deux pour l'instant Ed Wood de Burton et ce film), mais Shrader plutôt que de retracer de façon linéaire la vie de Mishima s'est attaché a décrire sa dernière journée ou après avoir tenté de soulever les forces d'auto-défense du Japon pour rétablir le pouvoir impérial, il s'est suicidé selon le rituel des samouraï, et en parallèle de récit Shrader introduit des flashback en noir et blanc et des extraits de certains de ses romans les plus célèbre (Le pavillon d'or, La maison de Kyoko et Les chevaux échappés) qui sont traité avec des couleurs saturés et des décors théâtrales. Déjà le film apparait comme un ovni d'une profonde originalité, mais il n'aurait pu être qu'une coquille vide, un pur exercice de style. Mais Shrader maitrise parfaitement son film et s'attache a chaque plan a élucider la personnalité de Mishima ce dandy, esthète, homosexuel semblant vivre a l'occidental et qui est pourtant fasciné par les samouraï, qui se feras le défenseur du Japon traditionnel, au point de créer une armée privé charger de la défense de l'empereur et obéissant au règle du Bushido. Les passages adapté des romans de Mishima sont essentiel a la compréhension du film, ils exposent sa fascination pour la beauté, la douleur et la mort qui sont pour lui intimement lié, et apparaissent comme autant de prémonition de son suicide au point que ce dernier acte semble avoir été le but de toutes sa vie l'ultime manifestation de son art. Au final toutes la vie de Mishima apparait comme celle d'un artiste qui s'est attaché a conformer sa propre vie aux principes moraux et artistique défendus dans ses romans pour finir par la transformer elle même en une œuvre d'art. Quoique l'on pense de la vie de Mishima et de sa conclusion un tel engagement force l'admiration. A noter aussi la trés belle musique que Philippe Glass a composé pour le film
Pour honorer comme il se doit cette fête féérique qu'est Noël, Bouzi Bouzouf va critiquer un film en étroit rapport avec ce moment convivial peuplé de beaux sapins clignotants, de rennes dirigées dans le ciel par notre aimable bonhomme joufflu et de gros cadeaux qui ne demandent qu'à être ouverts par des enfants souriants ; ce film s'appelle « Mishima » et il parle d'un écrivain japonais qui aime les beaux mâles au corps d'apollon et imagine des histoires dans lesquelles le thème de la souffrance physique occupe souvent une place importante (le film met en scène l'une d'elles, où un jeune homme prend grave son pied à se faire torturer par une quadragénaire) ; cet écrivain, qui renvoie la droite et la gauche dos à dos mais qui a quand même une attitude et une vision des choses proches des thèses de l'extrême-droite, est un gros nostalgique du Japon impérial et du bushido ; d'ailleurs, jugeant son pays frappé de plein fouet par un état de déliquescence morale et un laisser-aller général, il se plantera un wakizashi dans le bide (on appelle ce rituel le « seppuku » et non pas « hara-kiri », contrairement à ce que l'on croit) après avoir essayé une ultime fois de réveiller les consciences. Précisons que cet homme de lettres, ainsi que les faits et événements que Bouzi vient de rapporter, furent on ne peut plus réels (le gars s'appelle Yukio Mishima, d'où le titre). Ce biopic de Paul Schrader (le dernier film que Bouzi a vu de ce grand homme est « Auto Focus », qui, en racontant la vie de l'acteur Bob Crane, héros de la série « Papa Schultz », décrivait puissamment l'état de dépendance sexuelle (le nom officiel de ce trouble est désormais « hypersexualité », selon Wikipédia)), ce biopic de Mishima par Schrader, donc, est une magnifique construction intellectuelle qui se révèle aussi très belle sur le plan plastique. Espérons que la sortie récente du film en DVD (merci Wild Side, une fois de plus) permettra à ce chef d'oeuvre méconnu d'avoir tout l'intérêt qu'il mérite.