13ème film Compétition Cannes 1985 : Paul Schrader, le fameux scénariste pour Scorsese dans Taxi Driver et Raging Bull, poursuit sa carrière de réalisateur avec ce film sur un auteur japonais japonais polémique, ultra-nationaliste et belliciste Yukio Mishima, plus apprécié en Occident que dans son pays, à l'oeuvre pléthorique. Le fait d'armes de Mishima, qui intéresse le réalisateur, est son suicide à 44 ans par seppuku ou hara-kiri après une prise d'otage au ministère de la Défense japonais, désappointé par le refus de la jeunesse militaire japonaise de se soulever contre la doctrine pacifiste imposée dans le pays insulaire après 1945. Le film n'est en aucun cas un biopic académique mais tente d'expliquer ce geste insensé par l'oeuvre du romancier japonais et quelques pans de sa biographie, avec une esthétique différenciée en plusieurs segments sans que cela fasse un patchwork mal couturé. Le spectateur voit alterner les illustrations de trois romans tournées dans des décors de studio reprenant trois thèmes chers au romancier (la beauté, le culte du corps, l'honneur militaire pour restaurer la force), avec un joli travail sur les couleurs, le passé biographique de Mishima dans des vignettes en noir et blanc, et la progression de la journée fatidique de 1970, marquée par l'acteur Ken Ogata incarnant l'écrivain, alliant charisme, détermination mais aussi folie refoulée. Si la musique de Glass, pourtant hypnotisante, peut être lassante, il n'en demeure pas moins que le film construit bien l'image de cet écrivain jusqu'au boutiste, intrigant et déplaisant à la fois, gommant malheureusement son homosexualité et son ultra-nationalisme pour être accepté par les distributeurs japonais. Une poésie se dégage malgré tout dans ce film narrant le geste de cet auteur aux valeurs morales contestables.