RODIN film de Jacques Doillon - 2017
Bon comment dire.... un film avec V. Lindon ! Vite, courons.... mais non, désolée, cette fois je n'ai pas eu le ticket ! J'ai manqué l'aller.... je ne raterai pas le retour ! En effet, à quoi sert de refaire un film sur la vie de Rodin à l'écran, quand on a eu la chance d'avoir un chef d'oeuvre intitulé « Camille Claudel » avec Adjani/Depardieu (Bruno Nuytten, 1988) A moins d'être convaincu que son film sera encore plus abouti ? - ce ne sera pas le cas ici- N'est-ce pas prendre un risque inconsidéré ? Ou bien, Camille ayant déjà usurpé en plus d'un titre de film, une partie de la gloire de son maître, s'agissait-il alors pour J. Doillon de rendre hommage au sculpteur à son tour, en
faisant par souci de parité, un film à son nom ? Des passages interminables, lents et ennuyeux, avec mon acteur favori de surcroît transformé en misérable Auguste sinistre et pathétique qui marmonne dans sa barbe tout le temps et qu'on n'entend guère (je sais bien que c'est une demande du metteur en scène, néanmoins... ?). Des gestes inlassablement répétés au point qu'on les croit reproduits par la caméra par mesure d'économie...
Un Vincent Lindon que je n'ai pas trouvé (pour la 2e fois*) au top de sa forme (il faut dire aussi que le sujet est déprimant) et qui n'est jamais meilleur que lorsqu'il interprète son propre rôle à l'écran ou interprète des cas sociaux (Melle Chambon - Welcome - La loi du marché). Laisse tomber le biopic, Vincent, passe-le à d'autres qui le font si bien et surtout mieux que toi !
Des poses plastiques suscitent l'admiration pour l'esthétique et les performances mais j'imagine mal les modèles du siècle dernier se livrant à de telles prouesses acrobatiques ! Et, cerise sur le gâteau si j'ose dire, un ticket de métro, (ticket chic, ticket choc) très « tendance » placé là où il faut ,pour
moi résolument anachronique et parfaitement déplacé, qui à lui seul, fait en quelque sorte de cc film un clafoutis (je n'aime pas le clafoutis).Une jeune Izia Higelin faisant ses premières armes en la personne de Camille Claudel, élève censée imiter puis dépasser pour tenter de surpasser son maître, le problème étant qu'à part au tout début, on ne la voit jamais ni créer ni travailler, (on l'entend bien annoner, puis brailler pour revendiquer...) Mais d'elle on ne saura presque rien.
Et pourtant le film n'a pas que des défauts ! (un zeste de bon dans un gâteau raté!
J'ai beaucoup aimé le travail du sculpteur dans cet atelier très bien éclairé, qui représente toute sa vie d'artiste au milieu d'élèves affairés mais mutiques, condamnés au silence, probablement étouffés par l'omniprésence bourrue et renfrognée du maître, - on ne dérange pas plus qu'on ne contrarie le Génie ! Le travail de photographie et les éclairages sont magnifiques contrastant avec l'obscurité intérieure que portent les êtres. Chapeau, néanmoins aux efforts de V. Lindon pour nous faire vivre le travail de sculpteur, à son regard appuyé et ses gestes, répétés certes, mais précis et convaincants semblant peu à peu donner vie ses statues. Un travail de ciseleur...
Le lent processus de création de son « Monument à Balzac » qu'il met des années à réaliser, suscitaant polémiques et hilarité : pauvre (dés)Honoré ! Ce qui constituera autant de soucis rajoutés à ses problèmes personnels . Le travail de lente décomposition/recomposition de la création est fort bien traduit et exprimé. Finalement la statue ne sera finalement jamais vendue, mais exposée à Paris, sans la moindre reconnaissance du milieu artistique. La fin du film est un clin d’œil malicieux à tous les grincheux français ayant douté de son talent.
Une belle surprise cependant, une actrice que je ne connaissais pas encore, Séverine Caneele, actrice belge, est parfaitement crédible de bout en bout dans le rôle de la femme de Rodin, même si son rôle n'est pas destiné à la mettre en valeur loin s'en faut ! Déjà récompensée, pour un premier film,elle tire son épingle du jeu avec un talent très prometteur. (Gageons qu'elle ne restera plus encore longtemps à trier les fruits et les légumes !
* La première étant pour sa prestation très peu convaincante dans le film « Le Journal d'une Femme de Chambre » de Benoït Jacquot - 2015
Brigitte B.