1950. Staline est mis eu repos par ses médecins et se retrouve dans une grande propriété isolée avec toute une ribambelle de serviteurs, généraux et soldats. Sa maîtresse Lidia est avec lui et il la force, le soir, à interpréter ses rêves à la manière de Freud...
Je vais être honnête avec vous : j'ai tellement détesté le livre quand je l'ai lu en 2013 que mon cerveau a fait en sorte d'en oublier les détails. Il ne m'en reste que le souvenir principal : une intrigue qui ne mène nulle part sur fond de brouillard intense et, surtout, une écriture imbuvable.
Fanny Ardent nous offre ici une interprétation sobre, souvent mystérieuse, un peu trop blindée de brouillards et d'écrans de fumée métaphoriques même pas subtils, avec des acteurs pas tous égaux. L'"intrigue" devient plus claire et épurée avec cette version cinématographique, mais ne nous apporte pas du tout plus que me le livre. Si ce n'est, peut-être, y voyons-nous plus d'intérêt, grâce à la fin de Lidia et de Danilov. Grâce aussi à la dimension que donne Depardieu au rôle de Staline. Même si les années et les polémiques lui ont fait perdre de sa superbe, il garde toujours un phrasé et un regard percutants. Emmanuelle Seigner, elle, est dans la retenue et le souffle, mais pour une fois ça colle bien à l'ambiance. En somme, ces deux-là proposent des scènes tendues plutôt bien faites. Notons aussi la performance de François Chattot dans le rôle de Vlassik, hyper convaincant. Quant à Paul Hamy qui campe le rôle de Danilov, on l'oublie facilement... Comme dans le livre, la venue de l'artiste au domaine n'est qu'un prétexte, le plus "intéressant" reste la relation entre Lidia et Staline.
Mais bon, ça reste un film lent, au but pas tout à fait atteint de mettre vraiment le spectateur mal à l'aise, qui reste un peu trop timide et n'insiste pas assez ou de manière choquante sur le pouvoir du dictateur (sauf bien sûr la scène où il condamne à mort 15 hommes sur une liste, simple mais frappante). On sent le potentiel, mais surtout ça reste moins ch---- et moins usant que le livre.